Sous-médiatisation du football féminin en RDC : un frein au développement de la discipline

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Après un dernier championnat disputé en 2012, les Léopards seniors Dames ont obtenu pour la 4e fois une qualification à la 15e édition de la CAN. Ces compétitions vont se jouer en mai au Maroc, pour la deuxième fois consécutive. Le Desk Femme de Actualité.cd a contacté à cet effet David Saidi, entraineur détenteur de la licence CAF et assistant coach de l'équipe nationale dames U17, pour parler de la sous-médiatisation du football féminin en RDC.

Monsieur David Saidi, quels peuvent être selon vous les principaux facteurs à la base de la sous-médiatisation du football féminin en RDC ?

David Saidi : la difficulté majeure, c'est le manque d'organisation et la non structuration au sein de nos ligues, faute de moyens conséquents. Il y a aussi un problème des contenus : que proposent les ligues pour attirer plus de sponsors ? Il y a également un souci des stéréotypes et préjugés liés au football féminin qui ne favorisent pas une grande visibilité de ce secteur.

Quelles peuvent être les conséquences de cette sous-médiatisation sur le développement de cette discipline ?

David Saidi : la médiatisation fait partie des stratégies pour développer le football. Et on ne peut pas parler du développement, moins encore faire la promotion du football féminin lorsqu'il n'y a pas de médiatisation. Cette situation n'aide pas les joueuses à faire une bonne carrière, et les clubs professionnels étrangers à avoir accès au contenu. Ça ne permet pas non plus aux sponsors d'attacher leur produit ou service à une athlète, étant donné qu'il n'y a pas de plateforme à forte audience.

Quelles solutions proposez-vous pour accroître la visibilité et la médiatisation de ce secteur ?

David Saidi : on doit voir ce qui se passe ailleurs et l'adopter chez nous tout en travaillant en synergie avec le gouvernement. Les autorités doivent nous aider à tenir une communication permanente du football féminin pour attirer plus de sponsors. Il faut un média qui offre une très grande visibilité à ces joueuses, qu'il y ait beaucoup de communications, comme ça a toujours été le cas lorsque les hommes jouent. Les autorités doivent également mettre en œuvre toutes les solutions déjà proposées pour faire avancer cette discipline, notamment mettre des moyens au service des joueuses, leur offrir des infrastructures de bonne qualité pour leur permettre de développer leur talent, une bonne politique et sensibiliser les médias à la couverture des activités sportives féminines.

Que pensez-vous de l'avenir du football féminin en RDC ?

David Saidi : l'avenir est flou parce qu'il n'y pas de vision claire. Il y a beaucoup de potentialités et de talents féminins, mais on n'arrive pas à bien les encadrer et les orienter. Les présidents des ligues se débrouillent avec leur propre argent, c'est difficile d'avoir des indemnités de formation pour les joueuses. Et ces conditions ne permettent pas du tout d'émerger. 

Quels sont les exemples de réussite et les modèles à suivre en matière de promotion du football féminin dans d'autres pays ?

David Saidi Bien qu'il n'y ait pas de modèle parfait, à mon avis, si on veut développer le football féminin congolais, on peut suivre le modèle du football féminin tanzanien, mais aussi le basket et le football aux États-Unis, également le football britannique et australien.

Quel message aimeriez-vous adresser aux acteurs du monde sportif, aux médias et au public en général concernant la situation du football féminin congolais ?

David Saidi : Je demande à toutes les parties prenantes : le public, les médias, les dirigeants, gouvernants, joueuses, techniciens de se laisser guider par la passion pour le foot féminin. Chacun doit s'impliquer dans son domaine et selon ses compétences pour promouvoir ce secteur. On doit tous aider à trouver des partenariats avec l'extérieur dans ce domaine et constituer des groupes qui pourront commencer à faire des plaidoyers auprès des décideurs en cas de besoin.

Depuis le début de la Coupe d'Afrique des nations féminine de football en 1991, la RDC a occupé la 3e place à la 3e édition de la CAN organisée en 1998. En 2006 et 2012, le pays s'est arrêté au tour préliminaire.

Propos recueillis par Nancy Clémence TSHIMUENEKA