Désengorgement des prisons à Kinshasa : une démarche essentielle, mais est-elle suffisante ?

Photo d'illustration
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À Kinshasa, la surpopulation carcérale est un problème de longue date qui a récemment conduit à la mise en place d'une commission spéciale visant à désengorger les prisons, dont celle de Makala, tristement célèbre pour ses conditions de détention déplorables. L'initiative, lancée sous l'égide de Rose Mutombo Kiese, Ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, s'est concrétisée par la libération de 67 détenus ce jeudi.

La création de cette commission, annoncée lors d'une réunion de haut niveau incluant Jean-Paul Mukolo Nkonkesha, Procureur Général près la Cour constitutionnelle, et d'autres dignitaires judiciaires, s'inscrit dans un contexte où la gestion des établissements pénitentiaires, en particulier celle de la prison de Makala, fait l'objet de vives critiques.

Jeudi à Makala, Firmin Mvonde, le procureur général près la Cour de cassation, a souligné l'engagement du judiciaire à veiller sur l'intégrité du processus d'admission au sein de ces prisons, insistant sur la responsabilité du directeur de l'établissement dans le maintien de cette rigueur.

Cette première vague de libérations, si elle représente un espoir pour les familles et les proches des détenus concernés, n'échappe pas aux critiques. 

Les professionnels du droit, tels que Chris Shematsi, déplorent une approche qu'ils jugent cosmétique face aux maux profonds affectant le système judiciaire congolais.

De son côté, l’Association congolaise pour l’accès à la justice critique une justice rendue malade par la corruption et l'influence des puissants, évoquant une urgence à réformer en profondeur pour garantir l'équité et l'accès à la justice pour tous.

La Fondation Bill Clinton pour la Paix tire la sonnette d'alarme sur la surpopulation extrême à la prison de Makala, un phénomène qui menace non seulement la dignité mais également la vie des détenus, dans un contexte où les infrastructures et les ressources sont loin de pouvoir accommoder les quelque 15 000 individus entassés dans un espace conçu initialement pour 1 500.

Cette situation interroge sur l'efficacité des mesures prises pour remédier au problème structurel des prisons en RDC. Si la libération de détenus "sans dossier" est un premier pas, elle n'en reste pas moins une réponse partielle à un problème systémique exigeant des solutions globales et pérennes.