Ce vendredi, une nouvelle audience dans l’affaire Stanis Bujakera a eu lieu à la prison Makala après près d’un mois de trêve. Elle portait encore une fois la désignation d’un expert pour assurer la contre-expertise. Mais le tribunal semble être buté à une difficulté ne lui permettant pas de mener cette opération et renvoie à deux semaines l’audience.
Cette audience semble donner de l’espoir à la défense qui a introduit une nouvelle demande de liberté provisoire de Stanis Bujakera.
« Le tribunal, lorsque le dossier a été ouvert, a constaté qu’il se trouvait en difficulté de désigner un expert pour faire le rapport de contre-expertise. Ce qui a motivé le tribunal à renvoyer l’audience à deux semaines. Et nous avons profité pour que la chambre du conseil soit ouverte aux fins de demander la liberté provisoire au profit de notre client, ce qui a été fait. Nous avons postulé pour la liberté provisoire et nous pensons que tout compte démontrer que le dossier est vide et que le tribunal cherchait à savoir qu’est-ce qu’il y a dedans », a indiqué Me Jean-Marie Kabengela, avocat de Stanis Bujakera.
Un premier expert désigné par le tribunal lui-même pour la contre-expertise avait fini par jeter l’éponge après plus deux mois passés sans travailler. Cet expert controversé, greffier devant le même tribunal, avait indiqué que son matériel avait brûlé.
« Maintenant que le tribunal lui-même se rend compte qu’il ne peut pas accéder facilement à une contre-expertise avérée, je pense qu’avec toutes les garanties qu’offre notre client, notamment l’adresse connue, il se propose de ne pas entraver le cours normal de procédure, il se dispose également à payer le cautionnement à la hauteur que fixera le tribunal, je pense que cette fois-ci c’est la bonne, le tribunal pourra accéder à notre demande de liberté provisoire en faveur de notre client Stanis Bujakera », a ajouté Me Kabengela.
L’expertise devrait porter sur le document attribué à l’agence nationale de renseignement (ANR) dont Stanis Bujakera aurait falsifié le sceau, d’après l’accusation. Le tribunal avait requis l’ANR afin qu’elle apporte un spécimen de son vrai sceau qui s’est avéré différent de celui présenté par l’accusation. D’où le blocage.
Jeudi, le Président de la République, Félix Tshisekedi a reconnu que le journaliste Bujakera pourrait être victime d’une « justice malade » et a promis de suivre le dossier dès ce vendredi, promettant de « prendre la décision qu’il prendra ».
Le journaliste est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il s’agit des préventions qui risquent de coûter au journaliste 10 ans de prison.