Salon des bruits des villes africaines : de Kinshasa à Bujumbura

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Salon des bruits des villes africaines à Bujumbura

Il y a du bruit dans l’air. Et quand on habite Kinshasa, qui plus est, dans une des communes qui constituent la circonscription de la Tshangu, on en est le témoin oculaire. Un peu comme partout à Kinshasa, les bruits ont frôlé, jusqu’à atteindre la pollution sonore. Cependant que l’artiste pluridisciplinaire Niamba Malafi s’en est inspiré pour créer le concept dit d’abord “Salon des bruits de Kinshasa” puis actuellement “Salon des bruits des villes africaines”.

Il n’y a pas que Kinshasa dans ce cas, dans plusieurs villes africaines, le constat est faisable. Les bruits font partie du quotidien. Mais, cette initiative de Niamba Malafi est une sonnette d’alarme pour dire combien faut-il faire attention ou marche arrière dans le bain des sonorités ci et là, parfois au détriment de sa volonté, et ce, à longueur des journées.

L’essentiel du festival repose sur la lutte contre la nuisance sonore, monnaie courante dans plusieurs villes. L’idée étant d’utiliser l’art pour parler au public. Le salon des bruits des villes africaines est un évènement culturel à la fois scientifique et festif, qui contribue à la dépollution sonore par des actions artistiques et encourage la préservation des sons moins signifiants à travers des formations, créations et prestations artistiques.

Après avoir été tenu à Kinshasa en début janvier 2023 et à Brazzaville en fin janvier de la même année, le salon des bruits des villes africaines a connu sa première à Bujumbura, au Burundi. Il  a eu lieu du 29 janvier au 02 février. L’activité a connu la participation de 1300 élèves sensibilisés sur l'impact de la nuisance sonore, 300 personnes qui ont visité l'exposition sonore, 100 personnes ont assisté à la conférence, 100 personnes ont assisté au Grand Concert.

“Au-delà des enjeux culturels, éducatifs et de santé publique (contribuer à la lutte contre la nuisance sonore), à travers ce projet, le collectif Malafi’arts production avec ses partenaires cultivent également le plaisir d’écoute et de donner la parole à la communauté en initiant le public à l’analyse des œuvres d’art contemporain”, a indiqué Niamba Malafi, l’initiateur.

L’édition de 2024 est en mutation dans l’Afrique de l’Est et l’Afrique Centrale, car, ajoute-t-il, il est indispensable de rassembler l’expertise de différents jeunes africains (médecins, juristes, pasteurs, urbanistes, écologistes, chauffeurs, musiciens, comédiens, auteurs autant que les entrepreneurs en technologie, scientifique et législateurs), pour être en mesure d’imaginer le futur de l’ environnement sonore des villes d’Afrique.

Le Salon des Bruits des villes africaines se veut un grand débat annuel centré sur l’étude de l’environnement sonore, traçant le lien entre la santé, le droit, l’urbanisme, le numérique et les différentes sonorités accompagnatrices de la vie quotidienne de la ville de Kinshasa et d’ailleurs.

Parmi les activités de ce salon figure une exposition sonore dénommée “Écouter la ville”. Le public est appelé à suivre des bruits, sons, musiques photographiées de différents coins et recoins des villes de Kinshasa, Lagos, Kisangani, etc. Pendant 10 minutes, chacun porte des casques et écoute successivement des sons dérangeants et d’autres plus tranquilles.

La narration mêle les sons des activités urbaines, les bruits de fond, les activités humaines, les bruits d’animaux et de la nature, la présence humaine, le langage et la communication, la musique résiliente. Ce projet d'exposition sonore “Écouter la ville” est une annexe du Salon des Bruits de Kinshasa. Il invite chacun à une écoute intime de l'ambiance sonore de différentes villes africaines.

Kuzamba Mbuangu