De la publication des résultats provisoires de la présidentielle à l'invalidation des candidats députés aux législatives en passant par les festivités de fin d'année. La semaine qui vient de s'achever a été riche au niveau de l'actualité. Retour sur chacun des faits marquants avec Grâce Mabiala.
Bonjour madame Grâce Mabiala, et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?
Grâce Mabiala : je suis ingénieur de formation en raffinage et pétrochimie, candidate provinciale dans la commune de Masina et membre du parti politique Mouvement Débout congolais (MDC).
La CENI a annoncé vendredi 5 janvier l'invalidation de 82 candidats députés. Comment avez-vous accueilli cette décision de la Commission électorale ?
Grâce Mabiala : ceci prouve la transparence de ce processus et le respect de la démocratie prôné par le président de la République. Nous encourageons la CENI à poursuivre ces enquêtes. Nous demandons d'une part la levée des immunités de tous les mandataires publics impliqués pour permettre à la justice d'achever ce travail amorcé par la centrale électorale et d'autre part au Premier ministre de prendre des mesures pour suspendre les ministres concernés. Aux partis et regroupements de se désolidariser de tous leurs membres acteurs, responsables des violations de la loi pendant ce processus électoral.
Peu avant cette communication, les présidents de l'ECC et de la CENCO sont revenus dans une déclaration conjointe sur les irrégularités relevées lors des élections, en recommandant à la CENI de publier les résultats bureau de vote par bureau de vote. Pensez-vous que ceci pourrait entrainer le rejet des résultats jusque-là rendus publics par la CENI ?
Grâce Mabiala : la CENI est et reste le seul organe habilité à publier les résultats. Cette question de bureau de vote (BVD) par bureau de vote a déjà été réglée. Et la CENI a dit lors de la publication des résultats de la présidentielle répondre à cette recommandation selon que la loi l'oblige. Ceux qui sont pressés n'ont qu'à consulter les PV de chaque BVD pour des résultats clairs et nets.
La centrale électorale avait incessamment annoncé le report de la publication des résultats des élections législatives et municipales, ainsi que l'organisation du vote des gouverneurs. Quelle lecture faites-vous de ce réajustement du calendrier électoral ?
Grâce Mabiala : ce réajustement a sa raison d'être au regard de toutes les irrégularités ayant émaillé ce processus et du nombre de tous les candidats à toutes les élections. La CENI doit prendre tout le temps pour bien tabler sur ce processus et présenter au peuple des résultats dignes.
Félix Tshisekedi a été réélu avec plus de 70 %, selon les résultats publiés par la CENI. Pensez-vous que ces résultats reflètent la vérité des urnes ?
Grâce à Mabiala, Félix Tshisekedi reste jusqu'ici le président de la RDC le plus élu et aimé de son peuple. Ces pourcentages communiqués par la CENI reflètent valablement la vérité des urnes malgré les perturbations électorales observées par endroits. Il a été massivement élu.
Qu'attendez-vous de Félix Tshisekedi durant ce second mandat ?
Grâce Mabiala : J'attends de lui de meilleures réformes et résolutions pour le développement de la nation et l'amélioration des conditions de vie des citoyens. Des réformes structurelles de nos forces de défense et de sécurité pour résoudre la crise sécuritaire dans l'Est de notre pays. Il doit concentrer tous ses efforts sur des politiques claires pour promouvoir les infrastructures routières et énergétiques, le secteur agricole et les routes de desserte, l'éducation de qualité et la stabilité économique afin de faire de notre pays l'eldorado tant espéré.
Après la réélection annoncée de Félix Tshisekedi, l'opposition maintient la pression. Quels conseils pouvez-vous donner aux Congolais pour ne pas tomber dans la manipulation ?
Grâce Mabiala : le pays traverse une période cruciale. J'appelle tous les Congolais durant ce moment à faire preuve d'union. Éviter tout discours séparatiste et ceux incitant à la haine. Transcender tous nos conflits politiques et s'engager pour la cause de la nation. Je les invite à développer l'esprit critique de toute information qui leur parvient sur les réseaux sociaux en vérifiant avec rigueur l'authenticité de l'information, la crédibilité, la neutralité et le professionnalisme de la source qui diffuse l'information.
Comment décrivez-vous l'ambiance des fêtes de fin d'année comparativement aux années précédentes ?
Grâce Mabiala : c'était vraiment timide pour ne pas dire morose. On était tous partagés entre le processus électoral et les festivités. Certaines personnes n'ont pas pu bien fêter à cause de la conjoncture financière qui n'a pas facilité les choses.
Le 4 janvier en RDC, on célèbre les martyrs de l'indépendance. Pouvons-nous dire aujourd'hui que cette lutte a atteint ses objectifs ?
Grâce à Mabiala, ces deux dernières années, je peux dire que le Congo est en train de se relever. Bien que tâtonnant encore, les efforts sont engagés pour nous sortir du gouffre et nous permettre de jouir totalement de notre indépendance. Bien que le chemin soit encore long.
Les troupes de la SADC sont déjà présentes dans l'est de la RDC. Quelle lecture faites-vous de leur mission qui est offensive au regard de la guerre qui ronge l'Est ?
Grâce Mabiala : Nous saluons l'arrivée de ces troupes et nous espérons qu'elles respecteront les accords et les engagements pour aider à éradiquer cette guerre. Leur mission est offensive, et nous attendons qu'elles s'attaquent à tout ce qui nuit à la paix dans notre pays. Nous ne voudrions pas récolter des déceptions, comme cela a été le cas avec l'EAC.
Depuis le début de l'année, les inondations causant des dégâts graves et même des pertes en vie humaine ont été signalées dans plusieurs coins de la RDC. Quelles peuvent en être les causes et les solutions selon vous ?
Grâce Mabiala : cette question est un problème récurrent auquel la population fait face chaque fois durant la saison de pluie. Le ministère de l'urbanisme doit revoir et réglementer toutes les constructions dans la ville province de Kinshasa. On doit créer des passages d'eau et engager des personnels pour les entretenir afin de garantir de bonnes conditions de vie au peuple.
Une quarantaine de pays ont rejoint les BRICS, qui représentent un quart de la richesse mondiale et rassemblent 42 % de la population mondiale. Pensez-vous que ceci pourra rééquilibrer la position des États-Unis d'Amérique comme première puissance économique ?
Grâce Mabiala, l'expansion des BRICS démontre la guerre d'influence entre deux modèles économiques. Avec 42 % de la population mondiale, les pays membres des BRICS se renforcent davantage et constituent un contre-poids contre l'occident du fait qu'ils produisent d'ores et déjà près d'un quart de la richesse mondiale.
Pour tenter de résoudre les tensions dans les relations diplomatiques entre le Mali et l'Algérie, le président malien a annoncé le lancement d'un dialogue intermalien pour la paix et la réconciliation. Que pensez-vous de cette prise de position des autorités maliennes ?
Grâce Mabiala : j'encourage cette posture nationaliste des autorités maliennes. Les crises et les problèmes d'une nation doivent être résolus d'abord par les citoyens de ce pays comme les fils d'une même mère (la nation). Ceci démontre la maturité du peuple et de ses dirigeants, qui ont eu le courage de dire non à toute ingérence extérieure dans les affaires internes du pays.
Israël continue de bombarder la bande de Gaza pendant que la situation humanitaire à Gaza continue de se dégrader. Quelle lecture faites-vous de l'évolution de cette guerre au regard des autres conflits armés dans le monde ?
Grâce Mabiala : ce conflit démontre une fois de plus l'hypocrisie occidentale et le fait que les principes de droit international ne sont valables que pour les faibles et ceux qui ne partagent pas les mêmes intérêts avec l'Occident. Il y a lieu que toutes les parties prenantes à cette crise se réunissent dans un dialogue sincère pour résoudre cette crise.
Selon un communiqué de la CAF, le vainqueur de la 34e CAN recevra une dotation de 7 millions de dollars US, environ 4 milliards 196 millions 500 mille francs CFA. Comment voyez-vous cette augmentation de 40 % de la dotation par rapport à la 33e édition ?
Grâce Mabiala : je salue cette mesure qui prouve que le football africain prend de plus en plus de la valeur et attire des acteurs économiques. Il y a lieu que les fédérations africaines de football saisissent l'opportunité pour se professionnaliser davantage et offrir un meilleur spectacle aux publics.
Quelle lecture faites-vous de la liste des 24 léopards retenus pour cette CAN ?
Grâce Mabiala : Je pense que le sélectionneur a fait ses choix sur base des performances de chaque joueur dans son club et de l'esprit d'équipe à consolider. Cette liste est constituée de nos meilleurs talents du moment. Mon seul regret est la sous-représentation des joueurs évoluant dans le championnat national (un seul joueur sur les 24). Un constat qui démontre l'État critique dans lequel se trouve notre championnat.
Quelles sont selon vous les chances des Léopards de la RDC à cette grande messe du football africain ?
Grâce Mabiala : après avoir raté la CAN au Cameroun, je pense que nos léopards viennent dans cette compétition avec un esprit revanchard. Certes, nous sommes dans un groupe très difficile, mais nous avons toutes nos chances pour aller loin et ramener à Kinshasa cette Coupe après tant d'années sans titre continental.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka