Manifestation de l'opposition à Kinshasa: les kinoises s'expriment

Photo/ Actualité.cd
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Alors que la CENI poursuit la publication des résultats partiels de la présidentielle, les opposants exigent l'annulation pure et simple du scrutin. Ils ont tenté de manifester ce mercredi 27 décembre à Kinshasa pour dénoncer des « élections chaotiques » dont les résultats partiels publiés jusque-là donnent Félix Tshisekedi largement gagnant. Cette marche a été vite réprimée par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes.

Les Kinoises rencontrées ce mercredi au grand marché de Kinshasa « Zando » invitent les leaders de l'opposition à faire preuve de retenue et attendre les résultats définitifs avant de se lancer dans des actions. 

"La CENI ne s'est pas encore prononcée sur le gagnant. Pourquoi les opposants s'empressent !" déplore Catherine Nzola, vendeuse de baskets qui pense que l'opposition a perdu la raison en se lançant dans ce genre de mobilisation en lieu et place de préserver un climat de paix et protéger le peuple. 

Sa voisine Mariam Mbo, vendeuse de vêtements, invite l'opposition à une démarche légale pour réclamer ce qu'elle estime être son droit. 

"Que les opposants apportent les preuves qu'ils disent détenir à la Cour constitutionnelle et qu'elle va trancher. Tout ceci est une distraction, nous sommes concentrés à suivre les résultats jusqu'à la proclamation du vainqueur.

Sur l'avenue Plateau, toujours au grand marché Sandrine Tshiebwe, elle aussi vendeuse, appuie les opposants dans cette démarche, mais leur demande de lancer le go après publication des résultats définitifs. 

"Le président de la CENI a lui-même dit que ces résultats sont provisoires et qu'ils peuvent changer à tout moment aussi longtemps qu'on évolue. Laissons-les faire leur comptage et nous communiquer le résultat final, c'est là que nous verrons comment nous y prendrons si les mêmes résultats seront maintenus."

À côté d'elle, Annita Kaja, la quarantaine révolue à l'arrêt des bus du rond-point Ngaba, condamne cette prise de position. 

"Les résultats publiés par la CENI sont l'assemblage de tout ce qui a été fait bureau de vote par bureau de vote et tous les PV, établis en présence des témoins et observateurs. À quel niveau y a-t-il eu fraude ?"

Les contestations de l'opposition sont également soutenues par Joséphine Furaha, mère de 8 enfants qui pense qu'un candidat aux élections ne peut être massivement voté au-delà de 70 %.

"Toute la population ne peut pas se mettre d'accord sur un choix comme ce qu'on est en train de vivre ! Les machines avaient déjà été truquées avant les élections et nous exigeons réparation et annulation de ce mensonge bien orchestré."

Les mouvements citoyens dont FILIMBI, Patriotisme Oblige, MCCP, Mouvement justice en action, DYNUPS/RDC, Anogra, Ligue des justiciers, Synergie Bilenge, Les décideurs, Res publica, Congo Nouveau, ainsi que les personnalités politiques de l'opposition : Dénis Mukwege, Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Floribert Anzuluni, Théodore Ngoy ne décolèrent pas face à ce qu'ils qualifient de tripatouillage des résultats des scrutins combinés du 20 décembre.

Ils ont signé un communiqué conjoint le 26 décembre appelant à une mobilisation citoyenne pour exiger la réorganisation des élections avec une CENI composée autrement.


Nancy Clémence Tshimueneka