C’est pour la cinquième fois que le Tribunal de Kinshasa-Gombe n'a pas répondu favorablement à la demande de remise en liberté provisoire de Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d'ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique et Reuters. Les avocats du journaliste déplorent l'attitude du tribunal qui refuse de prendre en compte les garanties de comparution offert par leur client. La défense estime que les accusations du ministère public ne se reposent sur aucune accusation fiable.
« J’ai appris auprès du greffe du tribunal que la détention de notre client était confirmé. Le 8 décembre, ce fera trois mois que Stanis Bujakera est détenu. Nous sommes déçus car nous avons donné toutes les garanties de comparution, nous leur avons proposé de rajouter des conditions mais le tribunal refuse toujours quand il apparaît pourtant de plus en plus que les accusations du ministère publique ne reposent sur rien », a déploré ce mercredi 6 décembre 2023 Me Ndikulu Yana, porte-parole du collectif de défense de Stanis Bujakera.
Lors de l'audience du vendredi 1er décembre, les avocats ont dénoncé la désignation d’un expert agréé par le tribunal qui est aussi greffier devant les mêmes juridictions pour la contre-expertise au vu des incohérences dans le dossier de l’instruction. La défense exige plutot un expert indépendant et compétent.
Dans son jugement avant dire droit, le tribunal n’a pas répondu à la requête de la défense qui avait porté son choix sur deux experts à savoir, Gary Miller, expert américain de la lutte contre l'espionnage numérique et Emmanuel Gontcho, expert congolais et directeur général de l’agence G&G, mais il a désigné l’expert agréé par le tribunal en informatique, un certain Kambula Mulowayi qui n’est autre qu’un des greffiers du tribunal.
Le journaliste est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Il s’agit des préventions qui risquent de coûter au journaliste 10 ans de prison.
Une enquête publiée lundi par Actualite.cd et des partenaires du consortium Congo Hold-Up, en collaboration avec Jeune Afrique, a démontré que les éléments techniques mis en avant par l’accusation, sur la traçabilité par les metadonnees et l’adresse IP, étaient techniquement impossibles. WhatsApp, Telegram et Bullhost, propriétaire de l’adresse IP attribuée à notre confrère, ont tous démentis chacun à leur manière les affirmations de l’expert du parquet.
La défense de Stanis Bujakera estimait qu’une contre-expertise par un expert qualifié permettrait de prouver l’innocence de son client, en exposant les faiblesses dans ce dossier.
Arrêté le 8 septembre dernier à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bujakera est poursuivi pour un « faux document » attribué à l’ANR sur base duquel un article de Jeune Afrique non signé par Stanis, retrace le rôle qu’aurait joué le service de renseignement militaire dans l’assassinat du député et opposant Chérubin Okende.
Clément MUAMBA