Les délégués des candidats présidents de l'opposition ont clôturé leurs consultations le 17 novembre 2023 à Pretoria en Afrique du Sud. Quatre émissaires des cinq candidats représentés ont signé une déclaration finale affirmant avoir adopté un programme commun qui vise à consolider leurs efforts politiques pour surveiller le déroulement des élections, et créer une nouvelle coalition dénommée "Congo ya Makasi" qui aura pour objectif de parvenir à une candidature commune à la présidentielle de décembre.
Il s'agit des représentants des candidats Matata Ponyo, Delly Sesanga, Denis Mukwege et Moise Katumbi.
Le camp n'ayant pas adhéré à ce projet est celui de Martin Fayulu, leader du parti politique Ecidé, qui insiste lui, sur la priorité de former ce qu'il nomme « l'alliance pour la transparence du processus électoral », considérant ainsi la candidature commune comme une éventualité plutôt qu'une obligation immédiate.
Contactée à ce sujet, Eko Anta Mireille, membre de l'alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation de Denis Mukwege, et candidate députée nationale dans la circonscription de Lukunga, salue l'attitude du camp Fayulu, et appelle les leaders de l'opposition à choisir judicieusement un candidat commun capable de les conduire vers la victoire.
"Je comprends que Martin Fayulu ait choisi de ne pas s'allier à la feuille de route assortie des pourparlers de Pretoria. Et c'est une attitude logique. Lorsqu'on se réunit pour opérer le choix d'un candidat, les critères doivent être préétablis. "On ne peut pas surprendre avec une candidature commune déjà sur la table."
Et de poursuivre : "Les élections s'annoncent sérieuses et rigoureuses. Nous devons ainsi être très exigeants envers nous-mêmes pour espérer les remporter face au candidat de l'Union Sacrée. De ce fait, le choix d'un candidat unique de l'opposition s'avère indispensable. Et Martin Fayulu n'ayant plus la même influence qu'en 2018, le Prix Nobel de la Paix reste le meilleur choix pour ce cycle électoral."
Certaines candidates par contre craignent pour la vie politique de Katumbi et l'appellent à la vigilance face aux autres candidats de l'opposition.
" Moïse Katumbi est le choix idéal que l'opposition peut opérer pour ce cycle électoral. Il a toujours été le meilleur dans toutes ses affaires. Et je ne vois pas pourquoi on peut lui refuser cette chance de briguer la magistrature suprême. Ce que le camp Fayulu a fait démontre l'hypocrisie qui caractérise chacun des autres candidats de l'opposition qui ne font que courir derrière leurs intérêts personnels, à la différence de Katumbi qui s'est engagé pour le peuple. Avec ce climat qui s'annonce très tendu, Moïse doit se méfier de tous, même de ceux qui se sont alliés à lui, et apprendre à gravir les échelons seul" souligne une candidate députée provinciale d'Ensemble pour la République qui a requis l'anonymat.
Du côté d'Envol de Delly Sesanga, le profil de Moise Katumbi semble convaincre, mais le choix de sa candidature devrait se faire sur des franches concertations.
"Je qualifierais l'attitude de Katumbi, qui s'est en quelque sorte autoproclamé candidat commun, d'égocentrique. On devrait attendre que tous les leaders tablent dessus, comme retenu lors des discussions à Pretoria, et choisissent ensemble un ticket gagnant pour l'opposition. Mais le processus étant déjà biaisé dès le départ, je pense que Delly Sessanga a un meilleur programme et de l'expérience nécessaire pour porter le ticket aux scrutins du 20 décembre, a soutenu une candidate députée provinciale, membre du parti de l'Envol de la RDC."
Une autre candidate, députée provinciale du parti Leadership et Gouvernance pour le Développement de Matata Ponyo, soutient le choix de Katumbi comme candidat commun au regard de son programme et sa popularité. Elle pense qu'il était temps pour l'opposition de s'unir afin d'augmenter les chances de remporter les élections et Moïse Katumbi a le profil idéal pouvant convaincre l'électorat et gagner les scrutins pour offrir à la RDC un avenir meilleur.
Les délégués de quatre candidats ayant participé aux consultations à Pretoria ont défini les critères pour la désignation de ce candidat commun, une question qui sera débattue entre les candidats eux-mêmes, incessamment.
Matata Ponyo, Franck Diongo et Seth Kikuni se sont déjà retirés de la course à la présidentielle en faveur de Moise Katumbi. Les concertations de Pretoria ont eu lieu du 12 au 17 novembre sous l'égide des ONG ITI (In Transformation Initiative) et Kofi Annan Foundation.
* La plupart des femmes députées que nous avons contactées pour réaliser cet article ont accepté de s'exprimer sous couvert d'anonymat.
Nancy Clémence Tshimueneka