Du lancement de l'opération "springbok" par les FARDC et la MONUSCO dans l'Est de la RDC au programme d'enregistrement des émissions des candidats président de la République, en passant par la semaine de la mère et du nouveau-né, la semaine qui vient de s'achever a été riche au niveau de l'actualité. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Jeanne Grâce Mabiala.
Bonjour Madame Jeanne Grâce Mabiala. Pouvez-vous nous parler de vos activités et votre parcours ?
Jeanne Grâce Mabiala : je suis ingénieur de formation en raffinage et pétrochimie, candidate provinciale dans la commune de Masina, et membre du parti politique "Mouvement Débout Congolais" (MDC)
Suite à une sollicitation de Kinshasa, la SADC s'apprête à déployer ses troupes dans l'Est de la RDC pour restaurer la paix. Comment jugez-vous Cet énième recours aux forces extérieures ?
Jeanne Grâce Mabiala Le Président de la République est dans son rôle régalien obligé de trouver des solutions au problème sécuritaire qui sévit dans l'Est de notre pays depuis plusieurs décennies. À mon avis, avec la trahison de l'EAC, il était temps pour nous de recourir à la SADC. L'histoire nous renseigne que les pays membres de la SADC ont aidé la RDC à plusieurs reprises et les résultats ont été satisfaisants. Cependant, nous encourageons le gouvernement de la RDC à doter les FARDC des moyens nécessaires pour combattre les terroristes du M23 et les neutraliser. Ces rebelles ne pourront être réellement vaincus que par la puissance du feu de notre armée. Les voies diplomatiques ont montré suffisamment leurs limites sur le terrain.
Toujours dans le cadre de la sécurité, les FARDC et la MONUSCO ont lancé l'opération Springbok pour empêcher le M23 de s'emparer de la ville de Goma. Quelle lecture faites-vous du lancement de cette opération au moment où la RDC s'attend au retrait imminent de la MONUSCO ?
Jeanne Grâce Mabiala Je pense que la MONUSCO a eu tout son temps pour accomplir sa mission, mais elle n'a été que spectatrice, et même complice des meurtres qui se commettent dans l'Est de notre pays. Le gouvernement doit être attentif à ne pas tomber dans ce piège. La MONUSCO sait qu'en quittant notre pays, elle va perdre énormément, car nombreux de ses agents ne sont là que pour leurs intérêts. Que le gouvernement congolais prenne ses responsabilités et donne des moyens aux FARDC pour assurer la défense de notre pays et la sécurité des Congolais au lieu de faire encore confiance à la MONUSCO.
Denis Kadima séjourne à Séoul depuis le 6 novembre pour suivre la production et le déploiement du matériel électoral. À un mois de la tenue des élections, pensez-vous que la CENI pourra déployer tout le matériel à temps et tenir les scrutins dans les délais ?
Jeanne Grâce Mabiala La CENI a plusieurs fois affirmé son intention d'organiser les élections dans les délais constitutionnels. Je crois que tout sera mis en œuvre avec le concours du gouvernement et des différents partenaires pour assurer toute la logistique électorale afin de ne pas rater la date du 20 décembre.
Pour les élections, le CSAC prévoit l'enregistrement des émissions des candidats présidents pour permettre à tout un chacun de présenter son projet de société. Quel est votre avis par rapport à cette initiative ?
Jeanne Grâce Mabiala Je salue cette initiative du CSAC, qui est une occasion pour chaque candidat Président de présenter son projet de société. Ceci permettra à chaque citoyen de se faire une idée sur le candidat qu'il devra élire en lieu et place de faire le choix uniquement sur base des critères sociologiques et tribaux. J'espère qu'on pourrait aller plus loin en organisant des débats contradictoires entre les différents candidats comme ça se fait ailleurs. Je considère ceci comme une avancée significative dans notre démocratie.
À moins de 2 semaines de la campagne électorale, l'opposition a dépêché une délégation en Afrique du Sud pour tabler sur la possibilité d'avoir un candidat commun à la présidentielle. Pensez-vous qu'avec cette stratégie, elle pourra remporter l'élection ?
Jeanne Grâce Mabiala : Ces agitations de l'opposition démontrent avec suffisance qu'ils ont peur et savent bien qu'ils ne pourront jamais battre le Président Tshisekedi. Je me demande d'ailleurs s'ils pourront s'entendre sur un candidat commun étant donné leurs égos et intérêts individuels. Quoi qu'ils fassent, je suis certaine que Fatshi aura un second mandat.
Selon ICG (International Crisis Group), plusieurs personnes en âge de voter au Nord-Kivu n'ont pas été enrôlées. Pensez-vous que ceci pourrait porter atteinte à la légitimité de la CEI et à la crédibilité des scrutins ?
Jeanne Grâce Mabiala Malheureusement, les conditions sécuritaires n'ont pas permis l'enrôlement de tous les Congolais. Je pense que dans le contexte actuel, il n'y a d'autre choix que celui d'organiser les élections. On ne sait pas pendant combien de temps cette guerre va perdurer. On risque de se retrouver avec toutes les institutions hors délai constitutionnel, ce qui rendra encore la gestion du pays plus compliquée. Il faudrait que nos compatriotes comprennent qu'ils doivent accepter ce sacrifice. Que les dirigeants qui seront élus fassent de leur mieux pour mettre fin au calvaire qui sévit dans l'Est depuis plusieurs années.
La période allant du 6 au 10 novembre a été consacrée à la Semaine de la mère et du nouveau-né en RDC. Selon vous, quelles stratégies peut-on mettre en place pour réduire le taux de mortalité maternelle et néonatale en RDC, précisément à Kinshasa ?
Jeanne Grâce Mabiala Je pense que la gratuité de la maternité instaurée par le Président de la République permettra de réduire sensiblement la mortalité maternelle et néonatale. Les femmes qui n'ont pas assez de moyens peuvent désormais avoir accès à des soins de santé de qualité. Mais il faudra que le gouvernement soutienne ce programme et en fasse une vulgarisation pour que toutes les femmes soient prises en charge convenablement.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit inquiet vendredi par des informations sur l'enlèvement et la détention de femmes dans des conditions « proches de l'esclavage » lors du début des conflits dans la région du Darfour, au Soudan. Que pouvez-vous suggérer pour réduire ou mettre fin à cette violence, surtout à l'égard de la femme ?
Jeanne Grâce Mabiala Pour arriver à réduire sensiblement ces cas de violence, les femmes doivent s'unir davantage et s'investir pour occuper des postes de grandes responsabilités afin de peser dans les prises de décisions et contribuer à mettre en place des lois qui sécuriseront davantage la femme. Il faudra aussi que le gouvernement prenne des mesures sécuritaires idoines pour lutter efficacement contre toutes les violations des droits de l'Homme et assurer la protection de la femme. Enfin, la justice doit arrêter tous ceux qui sont impliqués dans ce genre de pratiques et les condamner à des peines exemplaires pour décourager les potentiels criminels.
Lors d'une conférence humanitaire internationale pour les civils de Gaza, organisée le 09 Novembre à Paris, Emmanuel Macron a, pour la première fois depuis le début des hostilités entre Israël et le Hamas, appelé clairement à un « cessez-le-feu ». Il a également annoncé que la France augmenterait son aide humanitaire destinée aux civils de la bande de Gaza de 20 millions à 100 millions d'euros en 2023. Quelle lecture pouvez-vous faire de ces déclarations ?
Jeanne Grâce Mabiala : Je pense que la France et toute la communauté internationale ont montré au monde entier toute leur hypocrisie. En Ukraine, on envoie les armes, mais en Palestine, on envoie l'aide humanitaire. Pourquoi cette différence de traitement Et comment comprendre ? Cette conférence est selon moi une façon de vouloir se rattraper. Au fond, nous savons qu'ils n'accordent leur soutien que là où leurs intérêts sont garantis.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka