Consommation d'aphrodisiaque: ce qu'en pensent les Kinois 

Photo/ Actualité.cd
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"Boma maman", "Buka mbetu", "Mutu rouge power", les produits aphrodisiaques ont le vent en poupe dans la capitale congolaise. Le Desk femme d'Actualité.cd est allé à la rencontre des consommateurs à Kinshasa. Avantages, inconvénients, performance sexuelle avérée ou furtive, danger pour la santé, retour sur une pratique qui semble avoir encore de nombreux jours devant elle. (Reportage)

"J'ai une expérience de ce qu'on appelle Mutu Rouge Power et Boma Maman. Après avoir bu cela, tu auras une érection et tout va bien se passer. Mais, après l'acte, tu ressens des effets parmi lesquels des maux de tête et des vertiges. "Nous consommons ces produits pour amplifier nos performances sexuelles", confie Ozil Lukengo, blanchisseur.

 
L'héritier Ludonago est commerçant, il estime que ces produits contiennent des substances très toxiques. 

"Je n'en consomme plus. Une fois, j'ai failli mourir après avoir pris un stimulant sexuel masculin dénommé Power qui est toujours disponible sur le marché. Ce produit contenait des substances très toxiques sans qu'il soit indiqué sur l'étiquette et cela a failli entraîner des troubles cardiovasculaires. Je déconseille de consommer ces produits : déjà aucune étude scientifique n'a prouvé leurs effets sur le désir sexuel, je préfère recourir à la médecine moderne."

Sarha Kana est mannequin de profession, elle révèle avoir déjà utilisé ces produits pour resserrer ses organes génitaux.

''J'ai suivi les témoignages des filles sur Internet qui racontaient que ces produits sont efficaces et aident à redevenir vierge. Un jour, je suis allée au marché Gambela, là où il y a le plus de vendeuses expérimentées dans ce secteur, la dame m'a vendu une poudre blanche à 2000 FC que j'ai introduite dans ma partie génitale. J'ai été satisfaite sur le moment, mais après avoir eu un acte sexuel, tout est redevenu comme si je n'avais jamais utilisé le produit. J'ai eu des pertes blanches de couleur très bizarre et des démangeaisons. Je déconseille aux filles d'utiliser des produits aphrodisiaques, c'est très dangereux. À la longue, cela pourrait favoriser le cancer de l'utérus. Restons naturels, c'est important."

En revanche, Joelle Omba salue les bienfaits de ces produits qu'elle consomme pour guérir de certaines maladies.
" Personnellement, je ne les consomme pas pour autre chose que pour guérir des petites fièvres, des maux de tête et diminuer le sucre dans mon corps. J'ai toujours eu l'habitude de consommer Makasu et Mondongo et jusque là, je n'ai ressenti aucun effet négatif, ça marche très bien. Je conseille aux gens d'en prendre régulièrement, mais avec modération."

Bibiche Landu vend des aphrodisiaques au marché Gambela. Elle vend ces produits depuis plus de dix ans et avoue n'avoir jamais eu de témoignages négatifs de la part de ses clients. 


"Ça fait presque 15 ans que je suis dans la vente de ces produits, c'est ma grand-mère qui me l'a léguée, je n'ai pas assez de moyens pour construire une pharmacie. Je préfère continuer dans sa ligne. Dans mon travail quotidien, j'aide les gens à stimuler non seulement le désir sexuel, mais aussi à guérir différentes maladies telles que les maux de dos, l'hémorroïde, voire même des problèmes de conception et autres. Je prends toujours le temps de bien expliquer à mes clients comment ils doivent les consommer pour ne pas être dans l'excès. Personnellement, je ne trouve pas d'inconvenants à la consommation d'aphrodisiaques."

De son côté, le footballeur Jean-Dieu Bisimwa évoque la problématique du dosage dans la consommation de ces produits. 

"J'aime bien consommer les aphrodisiaques. Tout ce qui est naturel a plus d'avantages et d'efficacité. J'utilise souvent Buka Mbetu, Tobola coupé, Ankoro, Mutu rouge. J'y ai recours parce que j'ai eu une bonne expérience lorsque je me sentais faible sexuellement. Mais ce que j'ai pu constater avec ces produits, c'est que le problème provient du dosage, il n'y a pas vraiment de précautions. Les personnes qui nous vendent ça n'ont pas la maîtrise de la dose."

Grace GUKA