L'accès à la planification familiale volontaire constitue un droit fondamental. Plusieurs femmes en République démocratique du Congo souhaitent éviter une grossesse, mais n'ont pas la possibilité de recourir à des méthodes de planification familiale efficaces et sans danger. Le Desk Femme d'Actualité.cd s'est entretenu avec le Docteur Marius Longina pour avoir un aperçu des méthodes de contraception efficaces.
Bonjour Docteur. Pouvez-vous brièvement nous parler de votre parcours ?
Docteur Marius LONGINA Je suis docteur au Centre de Formation en Leadership, Entrepreneuriat et Gouvernance (CFLEG ONGD) et membre de la coalition de lutte contre les grossesses non désirées.
Comment définiriez-vous la contraception ?
Docteur Marius LONGINA La contraception est définie comme l'utilisation d'agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de la conception ou l'éviter. De manière sommaire, la contraception peut être comprise comme étant l'ensemble des moyens visant à éviter une grossesse chez toute personne en âge de procréer.
Pouvez-vous nous dresser un état de lieu au niveau de la République Démocratique du Congo ?
Docteur Marius LONGINA L'accès à la Planification Familiale reste faible en RDC, alors que la sexualité demeure d'une part un besoin physiologique et d'autre part une contrainte (viols, agression, etc.). Les études ont prouvé que la prévalence contraceptive moderne est passée de 8 % (EDS 2013-2014) à 18 % (MICS 1017-2018). La disponibilité des formations sanitaires qui offrent les services de contraception reste faible soit 12 % alors que 60 % du mode d'accès au service de la contraception est gratuit (Enquête Fosa etude MSP Ipas 2017). Ceci explique aussi en partie le nombre des grossesses non désirées et le recours aux avortements non sécurisés.
Que sont les principales méthodes de contraception ?
Docteur Marius Longina : nous avons les méthodes hormonales qui regroupent
- La pilule qui est une contraception orale reposant sur la prise d'un comprimé quotidien à heure fixe. Il s'agit d'une pilule œstroprogestative (ou combinée) ou d'une pilule progestative (seule).
- L'implant sous-cutané dont l'efficacité repose principalement sur une inhibition de l'ovulation ainsi qu'une modification de la glaire cervicale. Inséré en sous-cutané dans le bras non dominant pour une durée de 3 ou 5 ans. C'est le moyen contraceptif qui possède la meilleure efficacité.
- L'anneau vaginal est un anneau en plastique souple contenant des œstrogènes et de la progestérone ; son action principale repose sur l'inhibition de l'ovulation.
- Les injectables pour une durée de 3 mois.
- Le Patch qui diffuse deux hormones : l'œstrogène et la progestérone. Il est appliqué et changé hebdomadairement, mais il est très coûteux.
Il y a aussi les méthodes barrières qui font obstacle au passage des spermatozoïdes et empêchent alors la rencontre avec les ovocytes.
Nous pouvons dans cette catégorie citer :
- Les préservatifs masculins et féminins
- Les spermicides qui sont des substances qui inactivent ou détruisent les spermatozoïdes.
-La cape et le diaphragme, tous deux sont glissés au fond du vagin soit au moment du rapport sexuel, soit jusqu'à deux heures avant le rapport.
Le dispositif intra-utérin (DIU) autrefois appelé « stérilet » est inséré dans l'utérus par le professionnel de santé.
Les méthodes naturelles
Elles sont basées sur l'étude des cycles dans le but d'éviter les rapports sexuels durant les jours les plus féconds.
Les méthodes de stérilisation
La stérilisation correspond à la suppression de la fécondité de manière définitive, sans atteinte des autres fonctions sexuelles ou endocriniennes. Elles concernent aussi bien les femmes grâce à la ligature des trompes que les hommes par la vasectomie.
Est-ce possible pour les adolescents d'accéder aux méthodes contraceptives ?
Docteur Marius LONGINA Oui, actuellement en RDC, les adolescents peuvent accéder aux méthodes contraceptives grâce à la nouvelle loi santé publique contenant les dispositions relatives à la Planification Familiale en RDC promulguée par le Président de la République le 13 Décembre 2018 et publiée au journal officiel le 31 Décembre 2018.
Il s'agit donc de la Loi N°18/035 fixant les principes fondamentaux relatifs à l'organisation de la santé publique, Chapitre 2 de la contraception, à son article 81, stipulant que « toute personne en âge de procréer, après avoir été éclairée, d'une méthode de contraception réversible ou irréversible sur consentement libre. » En cas de contraception irréversible, le consentement est écrit, après avis de trois médecins et du psychiatre.
Comment procéder en cas d'échec des méthodes contraceptives ?
Marius Longina : les échecs sont observés le plus souvent dans les cas d'une mauvaise utilisation des méthodes de contraception. Par exemple, le non-respect des heures et jours de prise pour les pilules du lendemain, la non observance de l'échéance de moins de 72 heures pour les pilules d'urgence, la mauvaise technique de pose des DIU, implants… La rupture d'un préservatif (mauvaise technique de port), produits altérés ou périmés pour ne citer que ceux-là. Ce qu'il faut faire si possible : voir ou revoir un personnel de santé pour l'orientation. La conséquence selon le risque encouru est une grossesse non intentionnelle ou non désirée. Pour le préservatif par exemple, il faudrait ajouter à ce risque également celui de contracter une infection sexuellement transmissible (IST) et le VIH/SIDA si le partenaire est séropositif.
Votre dernier mot
Marius LONGINA : il est nécesaire d'intensifier la vulgarisation des bonnes informations sur le planning familial en vue d'améliorer l'accès ainsi que l'utilisation des méthodes contraceptives modernes par la communauté.
Propos recueillis par Grace GUKA