RDC: Plus de 16000 survivants de violences sexuelles soignés au Kasaï Central en six ans (MSF)

MSF
Café de presse de MSF organisé à Kananga

L'ONG internationale médico-humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) s'est désengagée de son projet de prise en charge des survivants de violences sexuelles lancé dans la province du Kasaï central depuis 2017. L'annonce a été faite ce mardi 26 septembre 2023 à Kananga, chef-lieu de la province.

En six ans, plus de 16 000 survivants de violences sexuelles ont ainsi été soignés gratuitement. Cette prise en charge médicale était aussi accompagnée du volet de la planification familiale : 7422 femmes ont bénéficié de services de planification familiale, précise MSF qui ajoute aussi que la prise en charge des violences sexuelles a été organisée également dans huit centres de santé de la région en plus de Hôpital provincial de référence de Kananga.

MSF estime qu'il était temps de passer la main aux autorités sanitaires locales et de déployer ses équipes sur d'autres urgences en RDC. 

« Au fil des années, 70 personnels de l’HPRK et de 8 centres de santé ont acquis les compétences requises pour assurer des soins de qualité aux patients. Il est donc temps de leur laisser la main afin de nous déployer sur d’autres urgences », à déclaré Mme Faïda Kyamba, coordonnatrice MSF du projet de lutte contre les violences sexuelles à Kananga.

Malgré le départ de MSF, les violences sexuelles dans la région du Kasaï central reste encore une réalité avec plusieurs de défis à relever notament question d’approvisionnement en intrants médicaux, la prise en charge psycho-sociale des survivants. D'où cet appel de Médecins Sans Frontières : 

« La prise en charge des survivants de violences doit être disponible, gratuite et de qualité. Nous appelons à une couverture efficiente des formations sanitaires via l’approvisionnement en intrants qui correspond aux besoins réels. Cela passe notamment par la couverture géographique équitable des acteurs humanitaires dans la zone en matière des violences sexuelles. », renchérit Mme Faida. 

Si l’appui de MSF dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles s’arrête ce 30 septembre 2023, elle restera néanmoins présente au Kasaï Central à travers son bureau de veille et détection afin de surveiller l’évolution dans la zone, et se tient prête à répondre en cas de crises sanitaires et/ou humanitaires nécessitant l’appui de ses équipes.

Contexte

En août 2016, un conflit sanglant éclate au Kasaï Central, entre les milices Kamuina Nsapu et les forces de l’ordre congolaises. Embrasant rapidement l’ensemble du grand Kasaï, cette crise plonge la région dans une situation humanitaire sans précédent: les massacres et opérations de représailles s’enchaînent ; plus de 1,5 million de personnes sont déplacées et des dizaines de milliers trouvent refuge en Angola ; des familles entières sont divisées tandis que des filles, des femmes et des hommes sont violés ou forcés de violer.

Face à cette crise, MSF décide d’intervenir pour soigner les victimes de traumas (violences physiques) à l’hôpital provincial de référence de Kananga (HPRK) et organiser des cliniques mobiles. L'ONG a constaté, avec le temps, que nombre de survivants de violences sexuelles admis par les équipes de MSF s’est maintenu à un niveau très inquiétant et élevé. MSF a alors décidé de muer son projet en u  projet de prise en charge gratuite des violences sexuelles et la formation du personnel médical de l'État.