Une vive polémique secoue la scène culturelle et religieuse congolaise ces derniers jours, avec les noms emblématiques de la rumba congolaise en première ligne. À l'origine de cette controverse, les déclarations d'un pasteur de l'église de réveil "La Compassion". Lors de son sermon le week-end dernier, le pasteur Marcello Tunasi a cité Papa Wemba et King Kester pour évoquer "l'esprit qui les animait", une influence selon lui négative sur les Congolais.
Le pasteur reproche notamment à ces légendes de la musique congolaise d'avoir privilégié les vêtements au détriment de l'essentiel dans la vie quotidienne. En ce qui concerne King Kester en particulier, il le qualifie de "boudeur" même lorsqu'il n'était pas à la hauteur de ses pairs. Des habitudes que de nombreux Congolais à travers le monde auraient adoptées en masse. Une simple dizaine de minutes de prédication a suffi pour déchaîner la colère de nombreux fidèles.
Les critiques fusent de toutes parts : inepties, ignorance, excès. La polémique s'est rapidement étendue aux réseaux sociaux, avec des échanges houleux, voire insultants. Ces deux figures emblématiques de la musique congolaise, aujourd'hui décédées, continuent de susciter des débats passionnés.
Papa Wemba a été l'un des cofondateurs de Zaïko Langa Langa. Il a quitté le groupe en 1974 pour fonder Isifi Lokolé, puis Yoka Lokolé. En 1977, il a créé Viva La Musica, marquant son empreinte personnelle avec l'utilisation du "lokolé" et la décision d'adopter avec ses musiciens un look impeccable. Cette démarche a conduit à la création de la Société des Ambianceurs et des Personnes d'Élégance (SAPE), à laquelle ont adhéré de nombreux jeunes Congolais. Cette nouvelle tendance a été l'un des éléments qui ont contribué à la notoriété internationale de la SAPE, un mouvement de mode unique en son genre en Afrique.
Pour l'instant, les commentaires controversés du pasteur Marcello Tunasi continuent d'alimenter les débats au Congo et parmi la diaspora congolaise, mettant en évidence la profonde influence de ces légendes musicales sur la société congolaise. Cependant, cette polémique souligne également la persistance de divisions dans un pays déjà traversé par des tensions politiques et sociales