RDC : « tout officier de police qui sera reconnu auteur des viols avec preuve, sera déféré devant les instances judiciaires », Alonga Boni Benjamin (Commissaire Général)

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Acte d'engagement du commissaire général présenté par Neneh Musavuli, Cmdt supérieur en charge des violences sexuelles au sein de la PNC

L’atelier de réactualisation du Plan d’action quinquennal de la Police nationale congolaise de lutte contre les violences sexuelles en RDC (PAQ IIème Génération 2023-2027) s'est clôturé ce 25 mai. Deux jours durant, des représentants des officiers de police, tous départements impliqués, ont travaillé sur les six axes d’intervention tant au niveau interne qu’au niveau de la société. 

Prévention, Répression, Protection, Renforcement des capacités, Communication et Coordination, ainsi que l’Analyse, Suivi et évaluation sont les six domaines dans lesquels la PNC devrait investir. Les ambiguïtés contenues dans le plan Génération I  ont été élaguées, la période de mise en œuvre est passée de trois à cinq ans, la communication autour des progrès réalisés au cours des années précédentes et à venir a été amplifiée pour permettre à la population congolaise d’être informée des efforts mis en place par la PNC et accroître sa confiance vis à vis de tous les services de la PNC. Tout ceci a été fait dans le but d'encourager la population à dénoncer ou témoigner des cas de violences sexuelles impliquant les officiers dans leurs rangs confondus, sans crainte de représailles ou de stigmatisation, mais aussi  permettre de croire à la protection de la part de la PNC. 

L’activité s’est déroulée au siège du commissariat général de la Police, en présence des membres de l’inspection général, de la Direction en charge des réformes, de la Direction chargée de la protection de l’Enfant, celle en charge des violences sexuelles, du ministère de l’intérieur, de la société civile, d’une professionnelle des médias et bien d’autres. 

"J’ai signé l’acte d’engagement"

Pour clôturer la séance de travail, le commissaire général, Alonga Boni Benjamin a procédé à la signature de l’acte d’engagement des commissaires généraux dans le cadre de la lutte contre les VBG par la PNC, il a rappelé à l’ordre les officiers de police avant de les encourager à poursuivre les travaux pour rendre effectif ledit PAQ IIème génération. 

« Bien qu’elles soient courtes, je crois que les 48 heures vous ont été très utiles. Mon souhait est que vos sacrifices portent des fruits. Ce qui voudrait dire que ce plan d’action doit être réalisé. Il faut investir dans la formation des OPJ, des officiers, toutes catégories confondues car la plupart marchandent, transigent, encouragent le règlement à l’amiable pour des questions de violences sexuelles. Le harcèlement sexuel en milieu de travail de la PNC doit être dénoncé (…) Les violences sexuelles sont des actes inhumains, surtout pour nous qui sommes garants de l’application des lois. La Police est auxiliaire de justice et veille à l’application des lois dans la société. Soyez strictes, sévères et sérieux dans l’exercice de vos fonctions ».

Et de renchérir, « J’ai fait ma part. J’ai signé l’acte d’engagement dans le cadre de la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre au sein de la PNC et dans la population. Je serai sérieux. Tout officier qui sera retenu auteur des viols, quel que soit son rang, si je suis informé et qu'il y a des preuves, je vais le mettre à la disposition de la justice pour qu’il réponde de ses actes. Vous aussi faites autant dans toutes les opérations ou vos accointances avec les OPJ ». 

Il faut noter que le plan a été lancé en 2019 avec l’objectif de mettre fin aux violences sexuelles commises par la PNC et faire une contribution significative à la lutte contre les violences sexuelles en République Démocratique du Congo, y compris la lutte contre l’impunité, ainsi que la protection des victimes et des témoins (2019-2021). A ce jour, plus de 250 commandants d'unités de polices ont signé les actes d’engagements à travers le pays. Cependant, l’absence de mise en place d’un comité de pilotage du projet, par le ministère de l’intérieur a retardé sa mise en œuvre. 

L’arrêté portant mise en place a déjà été signé par le ministre honoraire, Gilbert Kankonde. Les ministères impliqués devraient désigner des délégués qui feront partie de ce comité de pilotage. La MONUSCO, ONU Femmes, le BCNUDH-WPA et UNPOL ainsi que la société civile doivent également en faire partie.

Prisca Lokale