RDC: à Kalehe, les rivières polluées, plusieurs corps en décomposition enfouis dans les alluvions, d’autres remontent en surface sur le lac Kivu,... l’urgence sanitaire s’impose

Une vue du lac Kivu dans sa partie Kalehe
Une vue du lac Kivu dans sa partie Kalehe

La situation sanitaire laisse craindre dans les zones de santé de Bushushu et Nyamukubi frappées par les inondations d’il y a une semaine qui ont coûté la vie à plus de 438 personnes. Des corps continuent d'être retrouvés enfouis dans les alluvions. En plus, plusieurs autres remontent en surface sur les eaux du lac Kivu. L’atmosphère est polluée à Bushushu et à Nyamukubi. L’urgence sanitaire s’impose pour sauver les vies humaines. 

La Croix-Rouge est en alerte. Elle dit craindre d’éventuelles épidémies, notamment le choléra.

"On craint l'épidémie parce que les corps se trouvent dans les décombres. Les corps sont couverts par une coulée boueuse, quand la pluie va tomber encore, il y a lieu que cette pluie ramène toute la partie de la boue à la surface vers le lac, et ça va ramener les corps qui sont dans les décombres à la surface et qui sont déjà en décomposition. Il y a des risques de maladies", a dit à ACTUALITE.CD John Kashinzwe, communicateur de la Croix-Rouge Sud-Kivu.

Deux aires de santé courent des risques épidémiologiques. Bushushu avec 24615 habitants et Nyamukubi, 10353 attendent des interventions efficaces. Les sources d'eau sont polluées, ce qui est un danger sanitaire direct.

"Il y a danger et risque de choléra. Il y a des rivières qui sont là. Si jamais tous ces corps en décomposition se déversent dans les rivières, par la suite dans le lac, les gens pêchent dans ce même lac qui est pollué, à ce niveau les gens vont consommer cette eau du lac car  toutes les structures d’eau ont été endommagées et sabotées. Donc tous ces risques sont liés à ça. La pollution des eaux avec risque de maladie de choléra est probable", a ajouté John Kashinzwe.

La zone de santé de Kalehe est saisie. Le Médecin Chef de Zone de cette entité sanitaire redoute la propagation des maladies d'origine hydrique.

" Il y a d'autres corps qu'on n'a pas encore retrouvés parce qu'il y a des ménages qui ont été engloutis. Et de ce fait, nous craignons, c'est vrai qu'il y ait risque d'un développement de plusieurs maladies d'origine hydrique parce qu’il y a la fourniture en eau potable qui a été déstabilisée dans plusieurs endroits dans les aires de santé de Bushushu et Nyamukubi. Les rescapés et les autres qui sont encore sur place vont puiser de l'eau sur le lac alors qu'au niveau du lac, il y a des corps qui continuent à être découverts. Dans l'avenir, nous avons une crainte qu'il y ait des épidémies", a indiqué à ACTUALITÉ.CD, Pacifique Chirhalwira médecin chef de Zone de Kalehe.

Actuellement, les spécialistes de la santé plaident pour la sécurisation et la protection de ces endroits où se trouveraient encore des corps sans vie. 

"Le site ici doit être sécurisé, protégé pour que les gens ne puissent pas l'envahir au risque de contracter les maladies. Il y a un besoin d'ordre sanitaire dans le milieu déjà. Il faut prévoir ce qu'il faut faire parce que nous sommes en train de gérer la catastrophe et il y aura une gestion post catastrophe pour prévenir les maladies et risque possible", a plaidé la Croix-Rouge.

Les villages de Bushushu et Nyamukubi dans le groupement de Mbinga Sud ont été frappés par des inondations qui ont coûté la vie à plus de 430 personnes. Et c'est à quelques années seulement après une pareille catastrophe qui avait frappé Rambira, une entité voisine. Ces deux catastrophes laissent des milliers de congolais sans abris et aggravent la détérioration des conditions humanitaires et sanitaires dans cette partie de la RDC.

Justin Mwamba