Le Sénateur honoraire Georges Buse Falay et la loi sur la congolité (tribune)

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Le sénateur honoraire et ancien Directeur de cabinet de Laurent-Desiré Kabila. Ph. Droit tiers.

La proposition de loi sur la congolité continue à marquer l'actualité, en ce qu'elle limite aux congolais de père et de mère l'accès au poste de Président de la République et à ceux des Chefs des Corps Constitués.

J'ai résolu de donner mon opinion sur cette proposition de loi en ce jour, en ma qualité de Directeur de Cabinet de feu Président Laurent Désiré Kabila, de Ministre de l'Energie avant la Transition jadis organisé par l'Accord Cadre de Sun City, et de Sénateur Honoraire.

Je partage l'esprit souverainiste qui transparait dans cette proposition de loi, car elle rend l'accès aux postes de souveraineté impossible aux congolais qui ne sont pas de mère et de père congolais d'origine.

En effet, d'une manière générale, le Pouvoir d'Etat s'exerce au travers de la prise des décisions stratégiques et tactiques à caractère militaire, économique, financier, monétaire, politique, diplomatique et social.

Ces décisions sont prises notamment selon la perception que les services des renseignements spécifiques ont des mondes économique, financier, monétaire, politique, militaire, économique, diplomatique et social.

Cette perception est rendue possible par la collecte, l'analyse et le filtrage des informations reçues par ces services, qui ont pour mission d'identifier tout projet en gestation, en maturité ou en cours d'exécution, en vue de déstabiliser la paix ou la sécurité nationales.

Ces informations doivent remonter chez les décideurs du niveau stratégique, pour être ensuite répercutées aux décideurs du niveau tactique, avant leur exécution par les structures du pouvoir à la base.

Cette proposition de loi devrait donc s'étendre aux animateurs du secteur de la sécurité du territoire et de la défense nationale, qui doivent rendre les décisions tactiques opérationnelles dans la loyauté.

En termes clairs, dans les corps de l'Armée et de la Police Nationale, les Officiers Subalternes, devraient également être des congolais de père et de mère, congolais d'origine, congolais naturalisés exclus.

Par ailleurs, la loyauté absolue devrait toujours être garantie dans les services des renseignements. Pour cette raison, les conclusions de leurs travaux ne devraient jamais tomber entre les mains des ennemis de la Nation Congolaise. Aussi doivent- ils être congolais de père et de mère.

En clair, il s'agit des congolais d'origine. Les congolais naturalisés devront donc être exclus du bénéfice de cette proposition de loi. Je m'appuie sur l'Atlas de l'organisation Administrative de la RDC publié par le Prêtre Catholique Léon de saint moulin.

Dans cet important document, la question des ethnies présentes en RDC avant 1960 clarifie de toute évidence la question des congolais qui au départ, étaient des réfugiés politiques devenus congolais.

En effet, l'Atlas de l'organisation Administrative de la RDC permet de remettre en question la création d'une commune rurale dans les hauts Plateaux de Minembwe par le Ministre de la Décentralisation en 2019.

Cet Atlas donne raison à ceux qui, comme moi, croient que << le concept des nationalités » repris dans l'article 10 de la constitution est une hérésie par rapport à la vision des Pères de l'Indépendance sur la congolité exprimée dans la première constitution post-coloniale.

Selon cet Atlas, à part les Bafulero et les Bavira, aucune autre Tribu n'est identifiée formellement dans le Territoire d'Uvira. Cet Atlas mentionne uniquement les chefferies Bafulero, Bavira et Ruzizi. 

Ma position par rapport à la proposition de loi sur la congolité est un cri d'alarme contre la déstabilisation qui ravage le Territoire National à partir de l'Est de la République Démocratique du Congo.

De toute évidence, cette déstabilisation est entrée dans la phase de son extension dans d'autres coins du Territoire National, dans la même stratégie au travers de laquelle elle avait commencé à l'Est.

C'est le cas dans le Territoire de Kwamouth, dans la périphérie Est de la Ville Province de Kinshasa, et plus récemment encore, le même type de déstabilisation secoue le Territoire d'Opala dans la Tshopo.

Les pyromanes d'aujourd'hui voudraient devenir les pompiers de demain dans le but de s'imposer après avoir divisé pour régner en dominateurs, phase ultime prévue après celle de la balkanisation.

Pour commencer, ils ont lancé une guerre par procuration à l'Est de notre Pays, guerre qu'ils mènent par procuration sur un terrain politico-militaire qui, selon leurs plans, est supposé conquis d'avance.

A cet effet, ils ont d'abord organisé l'infiltration dans le secteur de l'économie nationale au temps de Bisengimana, alors Directeur de Cabinet de feu Président Mobutu, et ont poursuivi cette stratégie après la mise en application de l'Accord.

Il est temps de mettre fin aux infiltrations, source des trahisons qui ont réduit l'efficacité des décisions stratégiques ou tactiques prises dans la lutte contre les dévastations qui perdurent à l'Est du Pays.

En particulier, par rapport à l'Armée, à la Police, et à leurs Services des Renseignements respectifs, cette proposition de loi devrait être appliquée dans toute sa rigueur, si elle était votée au Parlement.

Pour conclure, je tire toute ma démarche de la Sainte Bible, dans l'une des recommandations que Moïse avait données aux enfants d'Israël.

Ils étaient en alors en route vers la terre la promise, après la libération de l'esclavage en Egypte pendant environ 430 mauvaises années.

En effet, dans les versets 14 à 15 du chapitre 17 du livre du Deuteronome, il est écrit, je cite : << Lorsque tu seras entré dans le Pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne, lorsque que le posséderas, que tu y auras établi ta demeure, et que tu diras: Je veux mettre un roi sur moi, comme toutes les nations qui m'entourent, tu mettras sur toi le roi que choisira l'Eternel, ton Dieu, tu prendras un roi du milieu de tes frères, tu ne pourras pas te donner un étranger, qui ne soit pas ton frère, fin de citation.

Tribune de Georges Buse Falay, sénateur honoraire et ancien directeur de cabinet de Laurent-Desiré Kabila