Dossier SICOMINES : la partie chinoise estime que les chiffres avancés par l'IGF sont mal calculés et réfute les accusations de surfacturation des infrastructures

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À gauche, Zhu Jing, ambassadeur de Chine en RDC. À droite, Diao Ying, secrétaire du Conseil d'administration de la SICOMINES. Ph. ACTUALITE.CD

L'ambassade de Chine en République Démocratique du Congo et l'administration de la SICOMINES ont fait le point, vendredi 24 mars, sur le rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) qui décèle 26 point d'irrégularités dans le contrat géant signé avec des entreprises chinoises. 

Selon l'IGF, les entreprises chinoises ont déjà encaissé un gain évalué à près de 10 milliards de dollars américains, tandis que la République n’a bénéficié que de 822 millions de dollars en termes d’infrastructures.

L'ambassadeur chinois Zhu Jing, la secrétaire du Conseil d'administration de la SICOMINES Mme Diao Ying, le Directeur financier de la SICOMINES M. Shen Haixin et l'Assistant du secrétaire du conseil d'administration de la SICOMINES M. Ma Yufeng, ont répondu aux questions des journalistes sur ce dossier.  

Le rapport de l'IGF n'est pas fondé...

La secrétaire du Conseil d'administration de la SICOMINES Mme Diao Ying trouve que les chiffres avancés par l'IGF dans son rapport ne sont pas fondés. Elle estime que le projet SICOMINES offre plusieurs avantages à la RDC. 

"Ce rapport n'est pas fondé. D'après nous, tous les prêts de la banque dans le projet SICOMINES ont bénéficié à la partie congolaise. Nous avons construit une grande usine au Lualaba qui coûte quelques milliards. Cette usine se trouve sur le territoire congolais et emploie les travailleurs congolais. Tous les investissements de la SICOMINES bénéficient au peuple congolais. Il faut demander à l'IGF comment ont-ils calculé leurs chiffres. L'IGF doit démontrer sa méthode de calcul, leur base de soutien intérieur de sa conclusion...", dit-elle. 

Le même avis partagé par l'ambassadeur de Chine, Zhu Jing, qui estime que les chiffres de l'IGF ont été mal calculé. 

"Les chiffres de l'IGF sont contestables. La SICOMINES est entrée en production à partir de 2015. C'est-à-dire la production du cuivre de la SICOMINES n'a duré que 6 ans. Si la SICOMINES avait gagné plus de 9 milliards, c'est-à-dire que le prix du cuivre durant les 6 années passées doivent être au-delà de 14 000 $ par tonne. Or, le prix du cuivre bouge. C'est à partir de 2019 que le prix du cuivre à grimper à 8 milles $ ou 9 milles $ par tonne. Il suffit d'un simple calcul pour comprendre que l'IGF a accentué les chiffres", a-t-il fait savoir. 

Surfacturation des infrastructures 

Selon le rapport de l'IGF, plusieurs infrastructures réalisées dans le cadre du projet SICOMINES ont été surfacturées. Une réalité que réfute la partie chinoise. 

La secrétaire du Conseil d'administration de la SICOMINES Mme Diao Ying estime que c'est à l'Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT) de répondre aux accusations de surfacturation. A l'en croire, la SICOMINES ne s'occupe que du financement, l'exécution des travaux relève à l'ACGT. 

"La SICOMINES s'occupe tout simplement du financement des travaux. C'est l'ACGT qui surveille et organise ces travaux. Je pense que c'est l'ACGT qui est mieux placé pour répondre aux accusations de surfacturation", explique Mme Diao Ying. 

Faisant allusion à l'hôpital du Cinquantenaire, pour l'ambassadeur Zhu Jing, les équipements de cet édifice doivent coûter énormément en termes d'argent.

"Un hôpital de même superficie avec des équipements différents ça doit conduire à de facturation très différentes. L'hôpital du cinquantenaire est l'un de mieux occupé du Congo. Les équipements médicaux coûtent trop cher. Il faut prendre tous ces éléments en comparaison pour tirer les choses au clair", estime M. Zhu Jing.

Révision de la convention SICOMINES

A la dernière réunion du conseil des ministres, Félix Tshisekedi a évoqué « l'impérieuse nécessité d'une revisitation des contrats de cette convention dans le sens d'un rééquilibrage des avantages visant à garantir les intérêts de la République démocratique du Congo dans l'exploitation de la Sicomines", la société sino-congolaise créée pour l’occasion.

La partie chinoise s'estime prête à dialoguer pour une révision en cas des litiges constatés.

"Depuis la signature de la convention convention SICOMINES, on a déjà connu 4 avenants pour adapter certaines choses. En lieu et place de faire de campagne médiatique, l'article 20 de la convention donne la possibilité de consultation en cas des litiges. C'est le dialogue qui va nous aider à trouver la solution", déclare Zhu Jing. 

Il rappelle également qu'en "2008, le Congo était un pays abandonné. Aucun investisseur ne pouvait venir au Congo. La GECAMINES était au bord de la faillite. Seuls les chinois ont accepté de venir investir au Congo. Les sociétés chinoises ont pris des risques énormes", dit-il. 

Par ailleurs, le Directeur financier de la SICOMINES M. Shen Haixin a appelé, à son tour, le gouvernement congolais à protéger les investisseurs. Il a aussi rappellé la nécessité pour la SICOMINES de renforcer sa communication. 

Rappelons qu'outre le gouvernement, la société civile congolaise notamment l'ODEP partage aussi l'avis de la renégociation de cette Convention pour réajuster ou rééquilibrer les obligations et les gains de deux parties et les faire correspondre aux valeurs des apports respectifs.

Jordan MAYENIKINI