Les opérations d’enrôlement ont été lancées depuis une semaine dans la troisième aire opérationnelle. Celle-ci comprend 7 des 26 provinces de la RDC. Sachant que le taux des femmes enrôlées dans la première et la deuxième aires a été faible, des organisations situées dans les régions concernées ont donné des recommandations pour inciter un grand nombre de Congolaises à se soumettre à cet exercice.
« Il n’y a pas encore d’engouement dans plusieurs centres d’inscription », déplore Bibiche Ebisi, basée à Buta (Bas-Uele), avocate et militante des droits des femmes.
Cependant, renchérit-elle, « je crois qu’il faut donner du temps aux femmes. Nous savons que souvent dans la gestion de la chose publique, elles ne font pas le premier pas. Il va falloir investir dans la sensibilisation, aller au niveau des habitations pour les encourager à s’enrôler. Au niveau de l’Assemblée Nationale, notre province a moins de représentants. Je pense que si il y a un investissement dans la sensibilisation, le nombre desenrôlés sera important et fera augmenter cette représentation de notre territoire».
Engouement et panne des machines
Jacqueline Angeli Totike est observatrice pour le compte du Cadre de concertation de la société civile de la Tshopo ainsi que le Fonds pour les femmes congolaises (FFC). Elle fait un résumé de cette première semaine et donne ses recommandations. « Il y a de l'engouement et cela est une bonne chose. Je vois des hommes et des femmes aller se faire enrôler. Et dans certains bureaux, je vois que le taux de participation des femmes est plus important », constate-t-elle.
Et de poursuivre, « ce nombre important de personnes qui viennent s'enrôler a plusieurs conséquences. Les machines qui sont utilisées tombent en panne très rapidement. La CENI devrait songer à augmenter le nombre de machines si elle tient au respect du délai accordé à l’opération (un mois). Sinon, on aura épuisé ce temps sans avoir enrôlé toute la population attendue ».
En Ituri et Nord-Kivu, aller vers les camps de déplacés
Cette opération se déroule pendant que certaines contrées de la province du Nord-Kivu se trouvent encore sous contrôle des rebelles du M23. La zone Est de la RDC est en proie à des conflits armés qui durent depuis plus de deux décennies.
« Les guerres à répétition ont un impact sur le taux de participation de la population à l’enrôlement dans notre région. Depuis le lancement du processus électoral, je constate que les femmes prennent du recul dans tout ce qui concerne les affaires politiques », renseigne Augustine Gipatho, présidente de l’Association Femme Paysanne, basée à Bunia en Ituri.
Elle ajoute, « je suis allée me faire enrôler, j’ai obtenu ma carte. Je vois également d’autres femmes s’y rendre mais il n’y a pas un grand enthousiasme. Il faut peut-être faire des descentes au niveau des camps de déplacés pour encourager les femmes à aller le faire ».
Gladys Mubuya est le point focal de la ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté au Nord-Kivu. Pour elle, « la motivation de se faire enrôler ne vient pas uniquement du désir d’aller voter mais surtout d’avoir une pièce d’identité valide en RDC. La population du Nord-Kivu participe à l’enrôlement et les femmes ne sont pas en arrière-plan. Il sera aussi important d’investir dans la sécurité des agents de la CENI et avoir un œil regardant sur les potentiels électeurs ».
Il faut noter qu’au niveau local, la troisième aire opérationnelle concerne notamment le Bas-Uélé, le Haut-Uélé, l’Ituri, Maniema, Nord-Kivu, Sud-Kivu et la Tshopo ainsi que les États-Unis d'Amérique et le Canada. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a lancé officiellement jeudi 16 février les opérations d’enrôlement des électeurs dans ces provinces.
Prisca Lokale