Kinshasa : littérature en langues congolaises et la sauvegarde de l’identité culturelle au cœur d’une conférence

Littérature
Ph. ACTUALITE.CD

Des acteurs culturels et littéraires ont réfléchi sur la littérature en langues congolaises pendant le salon des littératures en langues congolaises, organisé sur deux jours, mercredi 22 et jeudi 23 février, au centre Wallonie-Bruxelles, à Kinshasa. A l’ouverture, une conférence s’est tenue sous le thème de littérature en langues congolaises et la sauvegarde de l’identité culturelle. Les professeurs Yoka Lye Mudaba, Jean-Marie Ngaki et Crispin Malubungi sont intervenus sur des sous-thèmes précis.

Le professeur Jean-Marie Ngaki a exploité le sous-thème de poésie chantée dans les langues congolaises. Dans son speech, il a d’abord expliqué que le patrimoine culturel d’un peuple ne concerne pas que des monuments mais également des traditions, des expressions vivantes propres à l’identité culturelle. Tradition orale, pratique sociale, événement festif en font partie. Également, les langues et les pratiques artistiques.

Revenant sur la poésie chantée, il a évoqué la rumba congolaise, patrimoine immatériel de l’humanité. 

« La rumba congolaise est liée aux langues congolaises particulièrement le lingala. Elle est notre poésie chantée en langue nationale avec sa mise en scène propre et ses personnages typiquement congolais. Avec ses rituels, ses célébrants, ses mythes. Parler de la rumba, c'est évoquer la poésie », a dit le Professeur Ngaki.

Et d’ajouter : 

« La rumba c'est l'art de faire chanter les mots, de contraindre le langage à intéresser l'oreille au-moins autant que l'esprit. Les textes en langues nationales, en lingala, foisonnent dans les musiques congolaises modernes qui sont suffisamment inspirées et ciselées pour constituer une véritable littérature musicale, une véritable poésie chantée. La rumba parole est avant tout le jeu de la séduction ». 

À l’Institut national des arts, des spécialistes retranscrivent les partitions des chansons les plus emblématiques de la rumba congolaise afin de constituer des anthologies de cette musique. Une contribution louable à la promotion et la conservation de ce patrimoine, avant tout de la culture congolaise, qui est  encore essentiellement orale. Ce que le professeur Ngaki a salué, car dit-il, il y a une richesse à sauvegarder. Tous ces travaux scientifiques autour de la musique congolaise moderne s'élaborent chaque année afin que se constituent une banque des données.

Quant au Professeur Yoka Lye Mudaba, il s’est étalé sur les langues nationales à Kinshasa et la pratique des arts du spectacle et de la musique. Pour lui, une langue est comme un arbre qu'on plante. Elle va grandir dans la façon dont nous l'aidons et consolidons. Il recommande les langues nationales mais ne ferme pas la porte aux autres langues.

« Continuons avec les langues nationales. Il faut dialoguer ensemble. Dans nos écoles, nous apprenons les langues nationales mais nous n'en utilisons pas. Apprendre une langue c'est la parler, la parler correctement. La sagesse, la personnalité, l'esprit sont dans les langues nationales. Mais il n'est pas interdit avec la mondialisation d'apprendre les langues étrangères. Le savoir n'a pas de fin », a-t-il renchéri.

Le Professeur Crispin Malubungi est revenu sur la littérature créative en langues congolaises. Le point de la situation. Le thème exploité dans ce premier salon a été « littérature congolaise en langues nationales : identité culturelle du peuple ». Une autre conférence s’est  attardée à répondre à la question « Littérature en langues congolaises : mythe ou réalité ? ».

En plus des conférences, le salon des littératures en langues congolaises a connu des échanges et des baptêmes de livres allant dans le sens du thème. C’est le cas du dictionnaire English - Lingala d'Éric Libily.

Emmanuel Kuzamba