Festival Amani : l’entrepreneuriat, une autre dimension de paix mise en valeur à travers un concours

Dans le cadre du festival Amani, un concours d’entrepreneuriat est organisé depuis 2016 pour soulever une autre arme contre la guerre. En plus des concerts qui restent des activités phares et qui réunissent des foules importantes de festivaliers, le concours d’entrepreneuriat prend place juste avant les activités les plus mouvementées. Dix jeunes retenus parmi les postulants défendent leurs projets devant un public varié.

« Nous avons réalisé que c’est de plus en plus important, que ça donne une certaine cohérence dans cette idée de vivre ensemble. C’est une opportunité d’entreprendre pour renforcer la cohésion sociale », a dit, à ACTUALITE.CD, Vianey Bisimwa, coprésident du festival Amani.

Pour l’organisation, utiliser la musique et la danse, la culture et l’art pour promouvoir la paix, permet de rapprocher les gens et de renforcer la cohésion mais ce n’est pas suffisant. Le niveau entrepreneuriat a été ajouté de sorte qu’au-delà de la cohésion, qu’il y ait d’autres sources de revenu, des occasions pour les gens de rêver qu’il y ait un meilleur avenir.

L'entrepreneuriat est un des piliers majeurs pour la consolidation de la paix dans la mesure où il permet de lutter contre le sous-emploi des jeunes et le faible développement économique que connaît la région des Grands Lacs. La précarité est aussi une des raisons de la situation sécuritaire préoccupante qui règne dans cette partie du pays.

Le Festival Amani met en place un espace exclusivement dédié à l'entrepreneuriat dénommé « Espace Entrepreneuriat » au sein du «Village » du Festival installé à l’athénée d’Ibanda, à Bukavu, au Sud-Kivu. Dans cet espace, les entrepreneurs de Goma et de Bukavu exposent avec vigueur aux 36 000 participants du festival, leurs produits et services.

Le concours qui intéresse les jeunes

Des centaines de jeunes s’intéressent de plus en plus à ce concours comme fenêtre du festival. Le nombre de candidatures est en augmentation mais seuls 10 meilleurs sont sélectionnés pour participer au pitch final. Un jury d'expert clôture cette compétition de projets de création d'entreprises en récompensant 3 lauréats d'un prêt sans intérêt allant de 2 000 $ à 5 000 $ pour le démarrage de leur entreprise ainsi qu'une formation et une incubation de 6 mois.

Amani entrepreneuriat est devenu une commission spécifique au sein du festival. Seuls les jeunes sont concernés par le concours. Pour cette édition, des projets ambitieux à caractère agricole, dans le secteur de l’élevage, et des projets, pour la plupart, écologiques ont été présentés.

« La RDC est en train de perdre en matière de déforestation. Il y a un grand taux de déforestation qui est de 24,5 millions d’hectares pendant 20 ans. Peu de gens se soucient de ce problème. Je vais booster mon entreprise et ma production, et voir si je peux diminuer cela un petit peu », a dit Guylain Bisimwa, premier lauréat du prix Amani entrepreneuriat.

Son projet se base sur la transformation des déchets biodégradables en charbon écologique. Mis à part les métaux, la boue et les sachets, il récupère tous les métaux, les transforme en ce charbon à combustion trois fois plus résistant que le charbon de bois. Le charbon écologique ne dégage pas de fumée, n’émet pas de gaz à effet de serre et ne salit pas les mains.

Déplacé de Goma à Bukavu pour des raisons sécuritaires, le festival Amani verra ses concerts se tenir sur trois jours, vendredi, samedi et dimanche, à l’athénée d’Ibanda. L’entrée est à 1$. « Bénévolat au service de la communauté » est le thème choisi pour cette 9e édition qui se présente comme un élan de partage, de renforcement et de résistance.

A côté d’Innos’b, le reggaeman sénégalais Didier Awadi va honorer sa deuxième participation au festival qui démarre ce vendredi 10 février. L’adepte de la rumba congolaise, Reddy Amissi, fera sa première au festival, tout comme le Tanzanien Ney Wa Mitego, un des rappeurs swahiliphones les plus aimés de Goma et Bukavu. Le slam sera présent grâce à Yekima de bel art et à la belgo-burundaise Joy Goia. Dj Mambele de la Belgique, la Reine Saidathe de la RDC ou encore Mighty Popo du Rwanda font aussi partie de la programmation.

Emmanuel Kuzamba, à Bukavu