RDC: "nous voulons que le public congolais arrive à comprendre que le documentaire est un genre cinématographique à part entière," Déborah Bassa

Photo/ Droits tiers
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Du 23 au 26 novembre, il s’est tenu à Kinshasa, la quatrième édition du festival Vision documentaire. Avec plus de 15 projections des films documentaires entre Gombe et N’djili, le rendez-vous avait pour objectif d’étendre son public et séduire les cinéastes congolais. Dans cet entretien accordé au desk Femme, Déborah Bassa revient sur les enjeux de ce festival.

  Bonjour Mme Deborah Bassa, vous êtes la coordinatrice du Festival Vision documentaire dont la quatrième édition vient à peine de s'achever. Pouvez-vous brièvement nous dire en quoi consistent vos tâches?   Deborah Bassa :en ma qualité de coordinatrice, j'ai supervisé les tâches de chaque département (communication et marketing, création et conceptuels d’outils en rapport avec le festival, ateliers et formations etc..), j'ai validé toutes les propositions et assurer la gestion avec nos différents partenaires. Je mettais également en place toutes les stratégies possibles pour le bien du festival en passant par des échanges constructifs sur l’élargissement de l’événement. Il fallait créer des spots, des messages pour susciter de l’intérêt auprès du public, entrer en contact avec d’autres cinéastes qui avaient proposé des films. Lors des trois dernières années, le festival Vision documentaire s’est tenu au sein de la halle de la Gombe. Cette année, avec l’ambition d’élargir le public du festival, nous avons fait des projections des films à N’djili (La maison culturelle des mwindeurs), au centre Wallonie Bruxelles ainsi qu’à l’Institut Français à Gombe.     Quel bilan faites- vous du festival ? Vos objectifs ont-ils été atteints ?    Deborah Bassa : les objectifs ont été atteints. En effet, nous travaillons sans cesse pour  que le documentaire soit adopté par des cinéastes et qu’ils s’efforcent de nous proposer plus de contenus documentaires. Nous voulons aussi que le public congolais arrive à comprendre que le documentaire est un genre cinématographique comme tout autre et qu’il mérite qu’on lui offre une place d’honneur dans les programmations. Par rapport à l’édition précédente, cette année nous avons reçu une soixantaine de jeunes dans notre atelier sur les bases d’un film documentaire , cela prouve à suffisance l’intérêt vis à vis du documentaire. Élargir notre public nous a aussi permis d’acquérir une nouvelle expérience.   Quels états des lieux faites-vous de ce secteur en RDC ?    Deborah Bassa : de façon générale, le secteur du cinéma en RDC est en pleine émergence. La fiction, l’animation, la science-fiction et même le documentaire ne sont pas suffisamment exploités. Aussi, la jeunesse congolaise n’est pas initiée et ne côtoie pas suffisamment le domaine culturel. Par ailleurs, le gouvernement n’accorde pas une place importante au milieu culturel congolais, surtout à la production cinématographique.   Des opportunités de formation ont également été données aux jeunes au cours dudit festival. Quelles en étaient les notions clés ?    Deborah Bassa : les notions clés lors des ateliers étaient un aperçu général sur le documentaire… de la conception (se poser des bonnes questions parce que tout sujet n’est pas forcément sujet de film) aux notions de réalisation. L’atelier a été animé par Moimi Wezam, un documentariste congolais toujours disponible à partager son savoir.   Vos recommandations pour un meilleur rayonnement du cinéma documentaire en RDC ?   Deborah Bassa : je proposerais aux cinéastes, producteurs de s'intéresser aux sujets de documentaire et d'en produire davantage. A ceux qui organisent des festivals et ceux qui travaillent à la programmation-télé, d’aligner aussi des films documentaires congolais pour encourager les producteurs et réalisateurs. Aux autorités congolaises d’allouer un budget conséquent destiné aux productions des films, mais aussi de créer des salles de cinéma dans des quartiers populaires.    Déborah Bassa lance un appel aux potentiels partenaires pour appuyer le festival lors des prochaines éditions. Elle est réalisatrice et responsable de la maison de production « Ligne verte », milite pour l’intégration d’un grand nombre de femme dans le secteur du cinéma en RDC. Une de ses réalisations, le film Awa a été présenté dans de nombreux festivals et remporté des prix dont le meilleur prix International des films courts métrages. Elle exerce dans le secteur du cinéma depuis 10 ans.

Propos recueillis par Prisca Lokale