Passe d'armes au procès du meurtre de l'ambassadeur d'Italie en RDC

Luca Attanasio
Luca Attanasio

Défense, accusation et partie civile au procès du meurtre de l'ambassadeur d'Italie en février 2021 dans l'est de la République démocratique du Congo se sont livrées à un débat houleux mercredi à Kinshasa où, comme les autres, le dernier prévenu interrogé a tout nié.

Âgé de 24 ans, André Mushahara Murwanashaka, dernier des cinq accusés présents dans le box, a rejeté toutes les accusations retenues contre lui dans cette affaire où il est jugé pour l'assassinat de Luca Attanasio, de son garde du corps italien, le carabinier Vittorio Iacovacci, et d'un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM), Mustapha Milambo. 

Les trois hommes avaient été tués par balles après être tombés dans une embuscade aux abords du parc national des Virunga, un repaire des groupes armés, dans la province du Nord-Kivu (est de la RDC).

Présenté par l'accusation comme celui qui était chargé de la filature du convoi de l'ambassadeur, André Mushahara a contesté tous les contenus des procès verbaux et sa signature. "Depuis ma naissance, je n'ai jamais été à Kibumba, ni à Nyiragongo", la zone où le convoi de l'ambassadeur a été mitraillé.

"Comment l'ambassadeur s'était transporté jusqu'à Kibumba, dans une zone rouge, sans escorte? Etait-il parti se promener dans le cadre d'une mission officielle ou privée?", a demandé Me Joseph Amzati, avocat de la défense.

"Les prévenus tentent-ils de justifier l'assassinat ?", a réagi Me Boniface Balamage Nkolo, avocat de la République italienne, qui s'est constituée partie civile.

Selon ce raisonnement de la défense, "comme l'ambassadeur s'était déplacé sans informer les autorités de la RDC, il était devenu une bête à abattre ? ça résume tout!", s'est emporté le capitaine-magistrat Bamusamba Kabamba, représentant le ministère public.

Cela "justifie le mobile du crime. Nous avons compris à qui nous avons à faire: des criminels!", a-t-il lancé.

Les cinq prévenus présents dans ce procès comparaissent depuis le 12 octobre devant le tribunal militaire de la garnison de Kinshasa-Gombe siégeant dans l'enceinte de la prison militaire de Ndolo, où ils sont détenus. 

Un sixième, en cavale, est jugé par défaut. Tous sont accusés de "meurtre, association de malfaiteurs, détention illégale d'armes et munitions de guerre".

Le procès se poursuivra mercredi prochain.

AFP avec ACTUALITE.CD