A la COP 27, Eve Bazaiba propose un changement de paradigme en matière de fonds climat: quitter la logique de l’aide au développement et privilégier un partenariat gagnant-gagnant

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Ève Bazaïba, Vice-Premier en charge de l'Environnement et Développement durable

Eve Bazaiba, vice-Première ministre congolaise, ministre de l'Environnement et du Développement durable, a pris la parole dimanche au nom de la RDC lors de la cérémonie officielle de lancement de la 27e conférence mondiale sur le climat de l’ONU (COP 27) à Charm el-Cheikh (Egypte). Il a lancé un appel à plus d’action particulièrement sur les questions d’adaptation, c'est-à-dire les mesures pour réduire l'exposition et la vulnérabilité des pays et populations aux effets du changement climatique. 

« Le fonds d’adaptation ne peut plus être à ce stade qu’un discours (…). Nous voulons qu’au sortir de la COP 27 que nous ayons des éléments concrets et fiables avec des indicateurs objectivement vérifiables pour dire voici ce qu’a été le fonds d’adaptation avant la COP 27 et voici ce qu’il est devenu à la clôture de la COP 27 », a t-elle déclaré.

Les besoins annuels pour l'adaptation sont désormais estimés entre 160 et 340 milliards de dollars d'ici à 2030 et entre 315 et 565 milliards d'ici 2050, selon un nouveau rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).

Il a également insisté sur les pertes et dommages, c’est-à-dire les dommages causés par le changement climatique anthropique (ils peuvent survenir lors d'événements de longue durée, comme les sécheresses à répétition ou la montée du niveau de la mer, qui détruisent de manière irréversible les moyens de subsistance de certaines communautés).

« En tant que membres des pays les moins avancés, nous souhaitons qu’il y ait un distinguo clair entre le fonds d’adaptation et le fonds qui concerne les pertes et dommages que nous considérons comme une urgence que nous avons sur la main et le fonds d’adaptation constitue un programme à court, à moyen et à long terme pour que nos différents pays s’adaptent à la nouvelle donne du climat », a plaidé Eve Bazaiba. 

Elle est également revenue sur le Fonds d'adaptation au changement climatique (FACC). Ce fonds est alimenté, pour l'essentiel, par une taxe internationale fondée sur le Mécanisme de développement propre (MDP) mis en place par le Protocole de Kyoto pour financer des projets ou des programmes d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement.

« Il n’est plus question d’aller aux discours. Nous voulons quelque chose de concret.  Au niveau du fonds d’adaptation, nous avons aussi besoin que cela soit orienté dans les recherches scientifiques pour que les chercheurs nous donnent avec des éléments précis le degré des pertes et dommages que nous avons subis dans nos pays et la capacité que nous avons avec nos forêts, nos minerais stratégiques qui aident à l’atténuation de la température ». 

Eve Bazaiba propose également un changement de paradigme dans la finance climat: « Nous devons quitter l’aide au développement en matière de fonds climat pour aller dans un partenariat gagnant-gagnant, il est exclu que les pays industrialisés commencent à nous accorder des dons alors qu’ils ont besoin de nous. Ils sont responsables de 80% de pollution dans le monde ».

Selon les experts, la COP 27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre à horizon 2024.

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