RDC-M23 : « j’ai parcouru 200 km à moto pour me mettre à l’abri »

Photo/ Actualité.cd
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Les rebelles du mouvement M23 ont progressé dans plusieurs agglomérations congolaises dont Bunagana, Kiwanja et Rutshuru-centre. Cette situation ne laisse pas sans peur les défenseurs des droits de l’Homme qui vivent dans cette partie du pays. Jeudi, 27 octobre, alors que les bottes résonnent aux environs de son domicile, Liberata Rubumba, a dû tout quitter. Elle a relaté son périple au Desk Femme d'Actualité.cd


« Je me suis sentie en insécurité avec l’avancée des rebelles du M23. Ils étaient déjà à moins de 8 kilomètres du lieu où je me trouvais à Rutshuru. Je ne pouvais plus attendre », raconte-t-elle. 


Une psychose qui résulte des dénonciations et protestations


Administratrice assistante de Rutshuru pendant 10 ans (2008 -2018), Liberata Rubumba, sexagénaire et militante des droits de l’Homme depuis plus de 20 ans, a surtout eu peur des représailles notamment à cause de ses nombreuses sorties médiatiques en faveur du retour de la paix dans sa région. 


Elle renchérit, « depuis plusieurs mois, nous avons mené des activités au niveau locale pour dénoncer les actes du M23 et appeler le gouvernement congolais à engager les voies de la force pour chasser ces rebelles. Il fallait les mettre hors d’état de nuire. Nous avons mené des sit-in, des conférences de presse, des marches de protestations (…) Dès qu'ils arrivaient à un endroit où se trouvent des activistes, ils les obligeaient à travailler avec eux et mettaient leurs vies en danger. Il nous a fallu quitter Rutshuru, arriver à Kitshanga, nous nous sommes mobilisés pour atteindre Goma. Nous avons payé 100 dollars américains par personne, c’est le prix exigé par les motards pour environ deux cents kilomètres ». 


A Goma, elle s’est installée auprès d’une famille d’accueil. Chaque jour, elle prend des nouvelles de sa famille pour s’assurer qu’aucun membre n’est exposé. Liberata Rubumba plaide également pour la sécurité des autres défenseurs des droits humains qui n’ont pas pu quitter le territoire. 


« Je suis dans une famille d’accueil. Je fournis des efforts pour rester en contact avec les membres de ma famille et même certains collègues de ma structure PACOFEDI (Programme d’Action communautaire des femmes pour le développement intégré) ainsi que les autres activistes qui sont restés à Rutshuru (…). Ils ne peuvent pas vivre leurs vies en toute quiétude, ils ne sont pas en sécurité. Nous voulons rentrer chez nous, vivre paisiblement, continuer à travailler pour la communauté mais nous ne pourrons pas le faire dans ces conditions », s’est-elle plainte. 


En termes des difficultés rencontrées sur la route, Libérata Rubumba a cité l’absence d’infrastructures routières et la présence des groupes armés le long de la route. 

 

Pour rappel, les troupes du M23 soutenues par le Rwanda ont fait leur entrée samedi à Kiwanja et à Rutshuru-centre où la rébellion a tenu un court meeting demandant à la population de ne pas paniquer. Selon les informations d'ACTUALITÉ.CD, il n’y a pas eu de combats dans les zones urbaines. Déjà la veille, certains militaires congolais quittant la zone de front autour de Kiwanja dénoncent "une trahison" de la part de certains de leurs camarades. Les FARDC se sont retirées vers Rwindi dans le parc des Virunga.

Prisca Lokale