Parmi les initiatives du gouvernement pouvant réduire le taux de décès, le Chef de l’Etat a lancé un nouveau programme destiné à rendre gratuits les accouchements et les soins des nouveaux nés, à Kinshasa dans un premier temps. Le Desk Femme d'Actualité.cd a recueilli des avis à ce sujet.
« Je pense que cela va aider des nombreuses femmes. Les hommes politiques congolais attendent souvent la période des campagnes électorales pour aller dans les maternités et payer les factures des accouchées. C’est une façon d’acheter les consciences. Mais si le gouvernement pose cet acte, beaucoup de femmes seront allégées », souligne François Mpolo, mécanicien dans la commune de Kinshasa.
Faire précéder de quelques préalables
Abondant dans le même sens, Agnès Mbuyi et Chantal Nendaka précisent qu'elles soutiennent cette décision du gouvernement. Agnès Mbuyi précise cependant « qu’il y a des préalables à suivre avant de lancer cette initiative. Notamment, s’assurer du coût que nécessite une prise en charge gratuite des femmes dans les hôpitaux publics, doter les hôpitaux de tous les matériels pour qu’ils ne se plaignent pas lorsque ce processus sera élargi à tout le pays ».
« Si le gouvernement met en œuvre toutes les pistes utiles (dialogues avec les personnels de santé, collecte des besoins en maternité, dotation en équipements) pour faire réussir ce projet, il y aura du succès. Dans le cas contraire, on peut tout faire et la gratuité ne sera pas réelle », iniste Chantal Nendaka, agent de la fonction publique depuis 25 ans.
Gratuité de la maternité à l’épreuve de la gratuité de l’enseignement
Bélinda Mutala, vendeuse des légumes et Pierre Lutumba, un chauffeur de taxi-bus, sont plutôt opposés à cette initiative.
« Quelles sont les garanties de la réussite d'un tel programme ? La gratuité de l’enseignement de base a été lancée il y a trois ans maintenant. Quels sont les résultats dans les écoles ? Les salles de classes ont été inondées d'enfants, c'est une bonne chose. Mais la qualité des enseignements s’est détériorée davantage. Dans certaines écoles, les élèves s’assoient à même le sol pour étudier. Ce n’est pas normal », déplore Bélinda Mutala.
A Pierre de renchérir, « non, je ne suis pas pour cette initiative. Le gouvernement congolais prend souvent des engagements qui n’aboutissent pas. Il va falloir un suivi, cela ne pourra certainement pas se faire et il y aura des détournements (…), je pense que pour éviter tout cela, le gouvernement doit laisser les familles se prendre seules en charge ».
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Prisca Lokale