Cinéma : “A buakama”, un film de sensibilisation à la prise en charge des patients atteints des maladies mentales

Film A buakama
Ph. ACTUALITE.CD

Le film documentaire dénommé “A buakama” (Le rejeté), du réalisateur Jeanpi Kabongo, est sorti à Kinshasa il y a quelques jours. Il revient sur 3 ans d’art thérapie au Centre Neuro Psycho Pathologique (CNPP) avec les patients souffrant de maladies mentales. Cela pour servir d’outil de sensibilisation, beaucoup plus de familles, à la prise en charge de ces patients qui sont rejetés pour la plupart.

Le film d’une heure est voulu comme une conversation entre le spectateur et les témoignages des uns et des autres. Sans voix narrative, il est mis en scène des membres des familles qui ont vécu avec des proches malades, des patients rétablis, des médecins, des infirmières et des artistes. Également des patients en réhabilitation sociale mais abandonnés au CNPP.

Une artiste de l’académie des beaux-arts témoigne tout au long du film, de sa propre expérience. Elle a rechuté à deux reprises avant de reprendre ses facultés normales. Elle est également l’exemple de la prise en charge familiale que le film veut faire voir car elle était suivie de près par ses parents et sa famille.

Les ateliers d’art thérapie au CNPP ont débuté en 2019, d’où est partie l’idée du film. Les artistes qui les ont tenus ont travaillé avec la catégorie des gens abandonnés par leurs familles et qui vivent des frais de l’hôpital, déjà à bout de souffle. Ces patients en route de devenir totalement stables, n’ont pourtant pas de familles ni de moyens pour rejoindre le train de vie de la société. D’où le titre du film “A buakama”.

« Ce qui est vrai est que les malades mentaux sont, d’une manière ou d’une autre, marginalisés, dans toutes les sociétés du monde. Notre souhait est qu’après avoir vu le film, que les gens évitent certains clichés. L’idée est que ce soit un outil de sensibilisation pour ce qui est des maladies mentales », a fait savoir Jeanpi Kabongo à ACTUALITÉ.CD.

Dans les témoignages, des barrières culturelles sont évoquées pour justifier la marginalisation de ces malades mentaux. Il y a un regard différent de la société à leur sujet, aussi sur l’établissement qui s’en occupe, le CNPP et un regard méfiant même pour les corps médicaux qui s’en occupent. Ces derniers ont rappelé que la maladie mentale ne doit pas être considérée comme une mort sociale.

Emmanuel Nzongo, coordonnateur de l’Asbl Losa qui organise ces activités avec les patients, a indiqué que l’art, le dessin et la chanson, a permis aux malades de sortir d’eux-mêmes. Une patiente s’est même rétablie et s’est mariée par la suite.

« L’idée est de vulgariser cette expérience faite avec les patients pour montrer à la société que ces gens ne sont pas des damnés ou victimes de mauvais sort », a-t-il expliqué.

Le film “A buakama” a été projeté le 26 août dernier au CNPP et le 27 à l’académie des beaux-arts. Il émane du projet dénommé “Handicap Mental”, qui organise épisodiquement des ateliers d’art thérapie au CNPP avec les patients depuis 2019. Le film sera présenté dans les prochains mois à l’Université Libre de Bruxelles, en Belgique, avant de retourner à Kinshasa pour une tournée scolaire.

Emmanuel Kuzamba