Manif anti-Monusco: Butembo décide un enterrement collectif de civils tués dans des altercations avec les casques bleus

Une vue de la ville de Butembo
Une vue de la ville de Butembo

Neuf de dix civils tués lors des manifestations anti-Monusco vont être enterrés le soir de ce vendredi 29 juillet d'une manière collective à Kitatumba, un cimetière public de Butembo (Nord-Kivu).

Un compromis a été trouvé entre les autorités, les familles victimes et les délégués de la synergie des mouvements organisateurs des manifestations anti-Monusco. 

Un enterrement collectif décidé pour honorer, d'après la synergie des mouvements citoyens, la mémoire de ces jeunes gens tués alors qu'ils réclamaient la paix et la sécurité.

"Pour les 10 victimes, nous avons trouvé un compromis avec les familles de neuf, trois familles jeudi et six autres aujourd'hui. Le compromis a été trouvé entre la mairie, l'auditorat et les familles pour qu'on les enterre d'une manière collective, pour une question de mémoire. Ils ont été tués alors qu'ils dénonçaient la passivité de la Monusco à protéger les civils. Ce n'est pas une mort ordinaire, ce n'est pas une mort naturelle. C'est une mort noble. Les enterrer de manière collective c'est les honorer, c'est aussi garder les traces de ces crimes qui impliquent les casques bleus. Ça sera facile d'y ériger un mémorial", a déclaré à ACTUALITE.CD l'avocat Serges Makeo qui a accompagné la synergie des organisateurs de la manif anti-Monusco dans cette démarche. 

A 16 heures locales, des jeunes sont mobilisés au cimetière de Kitatumba pour creuser les tombes. 

"Nous sommes en train de creuser les tombes qui vont accueillir les victimes, des héros, des martyrs", a indiqué au téléphone d'ACTUALITE.CD Jérôme Malule, un des manifestants, depuis le cimetière, entre deux mouvements de bêches. 

D'autres jeunes sont mobilisés à la morgue de l'hôpital de Matanda, à 5 km du cimetière, où doit débuter dans quelques minutes, la cérémonie de levée de corps pour inhumation où devront reposer à jamais les jeunes gens tués par balles par des casques bleus basés à Butembo. 

Jusqu’à la mi-journée, autorités et collectif des mouvements organisateurs des manif-anti-Monusco peinaient à s’accorder sur le lieu d’enterrement des victimes. Si les manifestants veulaient les enterrer ensemble à l’esplanade Florida de MGL, dans un quartier huppé de la ville, pour une question de symbole de lutte et de mémoire, les autorités par contre veulent contourner ce piège et exigent que les manifestants soient enterrés à Kitatumba, un cimetière public de la ville. 

Des policiers ont d’ailleurs été déployés pour chasser des jeunes fossoyeurs à Florida. 

Des habitants craignaient une nouvelle escalade de violences faute d’un compris. Car des manifestants qui attendaient à la morgue de Matanda menacent de combiner la manifestation anti-Monusco avec une manifestation anti-état de siège. 

Pour l'instant, le calme est revenu, en attendant le passage du cortège funèbre.

Claude Sengenya