Loi d’habilitation : pour le député Paulin Odiane, combattre l’ennemi ne demande pas nécessairement le maintien de l’état de siège

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Le député national Paulin Odiane Doune s'est montré très critique envers le gouvernement à la suite de l'adoption du projet de loi portant habilitation qui lui permettra de légiférer pendant que les parlementaires seront en vacances à partir du 15 juin. L'élu d'Isiro Ville dans la province du Haut Uele dit noter une certaine largesse de la part du gouvernement qui ne tient pas à apporter des textes capables de mener des réformes nécessaires pour le bon fonctionnement de la République. Opposé à cette idée du gouvernement, il estime qu'en lieu et place d'accorder ce pouvoir de légiférer au gouvernement mieux vaut laisser les parlementaires poursuivre les travaux au-delà du 15 juin d'autant plus qu'une partie du pays est sous état de siège. 

"Notre gouvernement se caractérise par la passivité décriante du fait que tout ce qu'on a programmé comme matière, nous pouvons les traiter pendant cette session, nous sommes surpris de constater tout simplement que le gouvernement n'a pas pu s'activer pour nous présenter toutes ces matières alors que si vous regardez bien, ce sont des projets de loi de ratification, ce n'est pas des textes confectionnés par le gouvernement, d'abord ce gouvernement est depuis qu'on a commencé il a du mal à présenter des réformes, il n'y a pas des réformes, c'est comme si le gouvernement n'a pas des techniciens pour élaborer des textes et la plupart des textes que nous avons voté au niveau de l'Assemblée nationale ce sont des textes, des propositions des lois et pourtant les députés n'ont pas assez des moyens pour s'aventurer à rédiger le texte ou à modifier le texte mais le gouvernement a tout les moyens possibles, il y a les frais de fonctionnement mais il ne fait absolument pas grand chose dans ce domaine"a-t-il fait savoir au cours d'une interview accordée à ACTUALITE.CD dimanche 12 juin 2022.

Et d'ajouter :

"Si tout dépendait de moi, on allait continuer d'ailleurs avec la session parce que nous sommes pendant l'état de siège, on peut continuer et puis traiter toutes ces matières parce que les différents textes là ont été remis depuis longtemps sauf les membres du gouvernement qui devraient se présenter à l'Assemblée nationale n'a pas pû se présenter parce qu'il était tout le temps en déplacement. Est-il normal qu'un membre du gouvernement puisse se déplacer pour aller à l'intérieur du pays pour la pose des premières pierres, je trouve ça comme étant un gaspillage inutile des fonds de la République. Je ne voterai pas pour toutes ces matières-là parceque nous avons suffisamment de temps et on peut le faire calmement. Moi, personnellement je suis d'accord, tout ce qu'on a mis là on peut les travailler en un jour d'ailleurs, tout ce qui concerne les accords, projets de lois de ratification ça ne nécessite pas deux jours ou trois, on peut le faire en un jour et puis on vote. Est-ce qu'il faut une loi d'habilitation pour ça ? Je ne crois pas".

Pour lui, pour combattre l'ennemi, ça ne demande pas nécessairement toujours l'état de siège. Pour lui, les généraux Mamadou Ndala, Bahuma et Mbunza Mabe ont connu des victoires pendant la guerre et ce n'était pas seulement avec l'état de siège.

"Je ne sais pas s'il faut continuer avec l'état de siège parce qu' il y a eu plusieurs recommandations mais le gouvernement n'arrive pas à prendre position face à toutes nos recommandations, nous savons que nous sommes pendant la période de guerre mais la guerre peut se dérouler sans qu'il y est l'état de siège. Nous avons formulé plusieurs fois des recommandations en ce qui concerne l'orientation, la réorientation de l'état de siège où la requalification de l'état de siège, nous avons dit il est souhaitable si le gouvernement tient à l'état de siège qu'on puisse concentrer l'état de siège dans les territoires qui posent problème", a une fois de plus rappeler cet élu membre de Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.

Et d'ajouter :

"Dans le Nord-Kivu on peut se baser à Beni, en Ituri on peut aller dans les territoires de Djugu et plus au moins Irumu et puis on laisse l'administration entre les mains des civils, c'est tout. Ce n'est pas l'état de siège qui combat, ce sont les militaires qui combattent, est-ce que les militaires s'il n'y a pas l'état de siège ils ne vont pas combattre ? Le général Mamadou Ndala à l'époque, le général Bahuma tout ce monde là, ils ont écrasé le M23 sans état de siège, au Sud Kivu avec le général Mbunza Mabe l'a fait autant, il n'y avait pas l'état de siège donc pour combattre on a pas nécessairement besoin de l'état de siège, on peut combattre sans état de siège".

Conformément à l'article 115 de la constitution, la session parlementaire de mars se clôture le 15 juin. Une fois que le projet de loi d'habilitation adopté au parlement, le gouvernement de la République va légiférer pendant 3 mois sur les matières telles que l'état de siège, le projet de loi sur la programmation militaire 2022-2025, la mise en place du cadre légal relatif à la promotion de l'entrepreneuriat, l'artisanat et la ratification de certains accords de coopération et de partenariat.

 

Clément MUAMBA