Covid-19 en Afrique : le nombre de personnes infectées est 97 fois plus élevé que le nombre officiellement notifié (OMS)

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Dans son communiqué de ce jeudi 7 avril, l’OMS a déclaré que selon son analyse, jusqu’à 65% des Africains ont été infectés par le SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19. Cette analyse révèle que le nombre réel des personnes infectées sur le continent est 97 fois plus élevé que le nombre de cas confirmés qui ont été officiellement notifiés. L’exposition au virus ayant fortement augmenté à la suite de l’apparition des variants Bêta et Delta.

Cette analyse de l’OMS synthétise 151 études publiées sur la séroprévalence en Afrique entre janvier 2020 et décembre 2021. Le document révèle que l’exposition au SARS-CoV-2 a connu une forte hausse de 3% (dans une marge comprise entre 1% et 9,2%) en juin 2020 pour s’établir à 65 % (dans une marge comprise entre 56,3 % et 73 %) en septembre 2021, ce qui équivaut à 800 millions d’infections, alors que seulement 8,2 millions de cas ont été notifiés sur la même période.

« L’analyse montre ainsi que le véritable nombre d’infections pourrait être jusqu’à 97 fois plus élevé que le nombre de cas signalés. Cependant, la séroprévalence a fortement varié à l’intérieur des pays et d’un pays à l’autre en Afrique. Par ailleurs, celle-ci était plus élevée dans les centres urbains plus densément peuplés que dans les zones rurales. La séroprévalence a aussi varié entre les classes d’âge, les enfants âgés de 0 à 9 ans étant moins infectés que les adultes. L’exposition au virus était également différente d’une sous-région à une autre : par exemple, la séroprévalence semble plus élevée en Afrique de l’Est, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale », dit l’OMS dans son communiqué.

L’analyse de l’OMS suggère que plus des deux tiers de tous les Africains ont été exposés au virus de la COVID-19. Les études mondiales sur la séroprévalence ont montré un sous-dénombrement considérable du nombre de cas survenus dans le monde, avec 45,2% de la population mondiale qui a été infectée par le virus jusqu’en septembre 2021, selon les estimations. Le continent se distingue des autres régions par son nombre élevé de cas asymptomatiques, 67% des cas ne présentant aucun symptôme de la maladie.

« Cette analyse montre que les cas confirmés de COVID-19 actuellement notifiés ne représentent qu’une fraction du nombre réel d’infections sur le continent. Cette sous-estimation se produit dans le monde entier et il n’est pas surprenant que les chiffres soient particulièrement élevés en Afrique où il y a tant de cas asymptomatiques. Les tests nous donnent la possibilité de surveiller le virus en temps réel, de suivre son évolution et d’évaluer l’apparition de nouveaux variants. Si nous voulons garder une longueur d’avance sur la COVID-19, les pays doivent intensifier le dépistage, la recherche des contacts et la surveillance », a souligné la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. 

Au 6 avril 2022, 11,5 millions de cas confirmés et plus de 252 000 décès avaient été notifiés sur le continent. Il est probable que le nombre d’expositions réelles au virus a augmenté depuis septembre 2021. Selon l’OMS, l’Afrique a connu moins de cas sévères grâce à sa population jeune et à un faible taux des comorbidités diabète et hypertension.

À ce jour, 209 millions de personnes, soit 16 % de la population, sont entièrement vaccinées en Afrique, où 457 millions de doses de vaccin anti-COVID-19 ont été administrées sur les 816 millions de doses de vaccin reçues. L’OMS s’emploie à accompagner les pays dans l’intensification de la vaccination.

Thérèse Ntumba