De 1923 à ces jours : la Bralima, un baobab fragilisé au cœur de la RDC

Primus
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Le 25 octobre 1923 sortit de terre congolaise une usine de fabrication de la bière « la Brasserie de Léopoldville », avec pour objectif de mettre sur la table du Congolais des produits de bonne qualité pour endiguer la consommation délétère des boissons indigènes fortement alcoolisées. Les toutes premières bouteilles de la bière Primus 72 centilitres de la Brasserie de Léo sortirent d’usine le 26 décembre 1926, les Congolais pouvaient savourer avec frénésie et délectation cette bonne bière mousseuse issue du malt.

La Brasserie de Leo entama sa première production avec une capacité de 5 mille bouteilles par mois, celle-ci ira crescendo jusqu’à atteindre dix ans après 35 mille bouteilles par mois. Un exploit retentissant !

C’est avec cette même ferveur que les Congolais fêtèrent avec la Primus les jours fastes qui accompagnèrent l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale. Sous les airs pétillants de l’indépendance Cha Cha, la Primus coulait à flot. Les cafés-tavernes célèbres de la métropole à l’instar de Ok Bar, vibraient sous le rythme envoûtant de grandes voix du jazz ou de la rumba congolaise, avec les bouteilles de Primus sur la quasi-totalité des tables. La Bière de l’Indépendance !

Depuis ces temps immémoriaux, la Bralima a pris son envol, elle a développé ses tentacules à travers la RDC et a varié considérablement ses gammes de produits. Elle s’est incrustée dans les us et coutumes des Congolais à travers ses marques de haute qualité à l’instar de la Primus, Mutzig class, Mutzig Lager, Turbo King, Legend, Ntay, Victoire, Coca, Fanta, Sprite ... La Bralima, cette belle fée au cœur de la RDC a su déployer ses couleurs bleu-jaune comme un paon à travers tous les événements marquants de l’histoire de notre nation. On se souviendra de la commémoration haute en couleur du cinquantième anniversaire de notre indépendance pendant laquelle la Primus a revêtu une robe aux couleurs nationales assortie d’une cravate aux mêmes couleurs, le tour de la capitale avec nos vaillants léopards qui ont remporté le CHAN (Championnat d’Afrique des nations) en 2009 et 2016, pour ne citer que ceux-là.

En fin 2020, la Brasserie, Limonaderie et Malterie (Bralima) lancera la marque phare du Groupe HEINEKEN la bière 100% malt Heineken, un vrai délice pour les Kinois à un prix à la portée de toutes les bourses. La Bralima a toujours innové dans sa recherche permanente de la qualité pour le plaisir de ses consommateurs. Elle s’est également engagée dans le soutien à la communauté nationale à travers divers projets sociaux tel le projet Riz à Bumba, à la plaine de la Ruzizi, au Kongo Central et dans l’ex-Katanga. A travers ces derniers, les riziculteurs sont encadrés pour une meilleure production en vue de vendre leurs produits à la Bralima et à la population (chaine de valeur). A Boma, Lubumbashi, Bukavu, Kisangani, Mbandaka, Kinshasa... divers projets d’adduction d’eau, de construction de maternité, de rénovation des bâtiments scolaires... ont vu le jour grâce à la Fondation Bralima.

Mais ce fleuron de l’économie congolaise est menacé à ce jour. A 98 ans d’existence, le spectre de la fermeture tel que l’a vécu la BAT et Nestlé la guette dorénavant. En effet, la fiscalité confiscatoire et oppressante du pays la met en danger. Un cataclysme se prépare si les autorités du pays ne réforment pas judicieusement le secteur fiscal national devenu de moins en moins attractif pour les investisseurs. Pour preuve, en 2016, la Bralima a fermé successivement ses brasseries de Boma et de Mbandaka. A ce jour, la Brasserie de Kisangani, seul joyau de la province de la Tshopo, est menacée de fermeture suite à l’état de dégradation avancée de la Route Nationale numéro 4 par où passe 70% de ses ventes à destination du Grand Nord (Bunia, Beni, Butembo).

Des réformes controversées et sans réel impact comme les vignettes fiscales initiées par le ministère des finances et le code de barre par le ministère de l’Industrie risquent à nouveau de précipiter la chute de ce géant qu’est la Bralima, comme ce fut le cas avec la BAT et Nestlé de triste mémoire.

Au moment où le pays amorce un virage historique vers la Zone de Libre-échange continental, les réformes contre-productives doivent être laissées de côté. Le Gouvernement devrait mettre le pied à l’étrier afin de rendre nos industries locales et nationales compétitives. Elles pourront ainsi faire face aux différents soubresauts qui germeront des accords régionaux et continentaux. A bon entendeur, demi-mot suffit !