Les cas de violence conjugale à l’égard des femmes sont les plus documentés et dénoncés. Ce 03 novembre, Le Desk Femme d'Actualité.cd fait un focus sur les hommes victimes. Quelles peuvent en être les causes ? Comment guérissent-ils ? Témoignages et expériences des Kinois.
« Très souvent, les gens pensent que seules les femmes sont victimes des violences au sein du ménage. Cela n’est pas toujours vrai. Les hommes sont aussi victimes. Un homme qui est insulté, rabaissé à maintes reprises par son épouse est une personne qui doit bénéficier d’une assistance psychologique,» explique Eugène Ngomba, cambiste en ville.
"Ne pas répondre à ses devoirs d’épouses est aussi une forme de violence"
Raphaël Mwadiamvita et Lupsin Boyangela estiment que les hommes sont également victimes des violences conjugales.. L’un évoque pour cause l’indépendance économique des femmes alors que l’autre parle de l’insatisfaction sexuelle.
« Nous vivons dans une société qui évolue. Les femmes qui autrefois avaient pour seul métier la cuisine, le foyer, deviennent de plus en plus épanouies et peuvent se prendre en charge. Malheureusement, certaines d’entre elles confondent leur indépendance économique à la soumission que devrait avoir toute épouse devant son mari. Elles ne répondent plus à leurs devoirs d’épouses, elles haussent le ton, elles insultent, ridiculisent leurs partenaires sans emploi au vu et au su de tout Cela est aussi une forme de violence psychologique et physique », soutient Raphael Mwandiamvita, sexagénaire et agent de la fonction publique.
Certains hommes souffrent en silence
A Lupsin Boyangela, vendeur de costume d’ajouter, « les violences conjugales peuvent aussi être liées au sexe. Un homme qui ne sait pas satisfaire sexuellement sa femme peut devenir un objet de moquerie pour celle-ci. On ne se rend pas compte souvent qu’une bonne santé mentale produit des relations sexuelles satisfaisantes. Aussi longtemps que l’épouse se moquera de lui, cet homme demeurera impuissant. »
Espérant Bondo, quadragénaire, responsable dans une entreprise de consultance en markéting digital se souvient d'une de ses anciennes relations. « J’aimais Annie* (nom d’emprunt). Je l’aimais tellement que je m’apprêtais à aller dans sa famille. 4 mois avant les fiançailles, elle a commencé à faire des crises incontrôlées de jalousie. J’exerce en marketing, je rencontre plusieurs profils de femmes et d’hommes. J’organise des discussions même sur WhatsApp et Facebook. Elle avait des soupçons pour tout (…), il lui arrivait d’arracher mon téléphone, de casser un objet dans sa main », se rappelle-t-il.
« Un soir, au bureau, elle me rend visite à l’improviste et prétend que j’ai passé la nuit dans une boîte de nuit. Elle était en colère. Pendant que j'essayais de la calmer et d'aller dehors, elle a tiré sur ma veste et ma chemise, elle a déchiré ma chemise. J’ai eu des blessures sur le torse, c’est à ce moment-là que j’ai décidé de rompre. C’était un danger pour mon avenir» confie le père de famille.
Pour guérir de ces formes de violence, Augustin Nsimba, architecte, estime que « certains hommes se réfugient dans l’alcool. D’autres dans la lecture, d’autres encore dans la prière ».
Isidore Fwamba est enseignant dans une école primaire, pour lui, ,il est important de penser à la création de maisons sociales pour les hommes. « Autant on se bat pour la mise en place des maisons de la femme dans nos sociétés, autant on devrait en créer aussi pour les hommes. Il y a des hommes qui souffrent psychologiquement ou physiquement même ici à Kinshasa. Mais qui n’oseraient pas en parler en public. Le genre voudrait que les droits et le bien-être de tous soient respectés » dit-il, devant une maison d’habillement.
Parmi les conséquences de ces violences, l’OMS cite des problèmes de santé physique, mentale et sexuelle.
Prisca Lokale