Est de la RDC: Virunga, un joyaux au cœur des enjeux sécuritaires et économiques - Épisode 1, la porte du paradis)

Un Cessna du Parc National des Virunga
Un Cessna du Parc National des Virunga

Aéroport de Goma. L’oiseau d’acier pose ses ailes sur la piste. Les portes s’ouvrent et le vent frais du Kivu t’ouvre ses bras et t’accueille. Sac au dos, écharpe ajustée, masque en place, le cœur bat et les yeux sont impatients de découvrir cet autre Congo. Rapidement, la beauté du lieu et la tendresse du climat contrastent avec le protocole Covid-19: lavage des mains obligatoire, file à peine droite et surtout chaos lors du routinier remplissage des fiches des renseignements qui permettent, d’après les autorités, d’établir la traçabilité des « patients Covid ». Immigration passée, bagages récupérés, me voici sur la route de Rumangabo, le quartier général du parc national des Virunga. Il me faut un peu plus d’une heure pour atteindre ce paradis tant vanté. Mon guide travaille à l’ICCN. Il s’appelle Olivier. Il est dans le service de communication du Parc depuis environ quatre ans.  Avec lui, dans ce véhicule, le trajet est moins long et le 4X4 moins ennuyeux.  Chemin faisant, il égrène les noms des localités et enchaine des anecdotes. Ses histoires sont interessantes, mais elles ne sont pas toujours jolies jolies. 

« Tu vois ici, on a kidnappé des civils, il y a moins d’une semaine. On suppose qu’il s’agit d’un coup monté par les combattants FDLR. Ils sont là, dans la forêt. C’est une zone compliquée. C’est pour cela que nous sommes escortée », raconte t-il. 

Quelques kilomètres plus tard, une autre anecdote:  « Tu vois là, c’est exactement à cet endroit que l’ambassadeur italien a été tué ». 

On avance et le goudron cède la place à une piste en terre. Quelques traces témoignent néanmoins d’une présence ancienne du macadam: « c’était à l’époque de Mobutu, mais c’est lointain tout ça ». Le projet amorcé par l’ancien gouverneur pour réhabiliter la route n’a pas survécu au départ de son initiateur. 

Les histoires se suivent et elles se ressemblent. 

« Là-bas, une équipe de football avait été massacrée il y a des années par des hommes armés ». 

Un peu plus loin: « ici, le directeur du parc a été attaqué par des hommes armés. Il s’en est quand-même sorti ». 

Une quarantaine de kilomètres plus tard, Rumangabo s’offre à nous. Le paradis, ou presque: les oiseaux qui chantent, des babouins pas si intimidés et le Mikeno Lodge qui se dresse au cœur d’une luxuriante forêt et qui offre aux yeux curieux des magnifiques panoramas du Rift Albertin. 

Toute cette semaine ACTUALITE.CD vous fait visiter le parc des Virunga. 800 000 hectares d’émerveillement et parfois des larmes. Des histoires de résilience, d’engagements et d’espoir. L’autre histoire du Congo.