Pollutions des rivières congolaises : la société angolaise reconnaît les fuites de ses usines mais minimise l’impact sur les populations riveraines

Des dragues sur la rivière Kasaï pour l'exploitation de diamant
Des dragues sur la rivière Kasaï pour l'exploitation de diamant

La société minière angolaise de Catoca a officiellement reconnu vendredi 3 septembre qu’il y a eu des fuites de ses usines polluant ainsi les rivières congolaises Tshikapa et Kasai avec des conséquences notamment sanitaires et environnementales dans la région depuis deux mois.

« La Direction Générale de la Sociedade Mineira de Catoca informe que la présence de métaux lourds dans les eaux des rivières affectées par les fuites de pâte du bassin de résidus a été exclue, suite à l'incident enregistré dans le système d'évacuation des eaux, notamment une rupture de la canalisation qui fait office de déversoir, provoquant une fuite vers la rivière Lova », reconnait la société angolaise dans un communiqué.

Le gouvernement congolais, à travers le Vice-premier ministre de l’environnement et développement durable, Eve Bazaiba, avait déjà annoncé que la société angolaise avait reconnu être à la base de cette pollution.

(Re)lire: Rivières Kasaï et Tshikapa : le fait pour la société minière de Catoca et le gouvernement angolais de reconnaître d'être à la base de la pollution est un pas vers la réparation (Bazaiba)

Mais Sociedade Mineira de Catoca minimise l'impact des fuites de ses usines sur les populations touchées.

« Nous rappelons que le bassin de résidus ne contient que des mélanges de roches naturelles, telles que du sable et de l'argile, et la composition de la matière correspond approximativement aux coulées de boue en saison des pluies et ne contient pas de composants chimiques externes, ce qui nous permet d'affirmer que de tels une situation ne représente pas un risque vital pour les populations affectées », indique la direction générale de la société qui précise que « la rupture a été complètement interrompue et à ce moment le processus de restauration naturelle des écosystèmes fluviaux affectés est en cours ».

Sociedade Mineira de Catoca insiste que le déversement des déchets a été arrêté à la fin du mois de juillet. Mais les rivières congolaises ont été colorées jusqu’au mois d'août. Plusieurs poissons sont retrouvés morts sur la surface des rivières. Les populations riveraines ont été interdites d’exercer la pêche et d’utiliser l’eau des rivières Kasaï et Tshikapa.

« Maintenant, notre objectif principal est de minimiser l'impact de cet accident, en aidant les communautés locales et en travaillant en coopération avec des experts de différentes institutions publiques et privées pour prévenir de futurs accidents. Actuellement, des travaux d'audit indépendants sont en cours pour les systèmes hydrauliques et autres installations de production, avec la participation d'experts internationaux, dans le but d'identifier et d'éliminer les risques d'événements similaires à l'avenir, une action recommandée par la commission multisectorielle qui supervise les travaux », dit Sociedade Mineira de Catoca sans évoquer la situation dans le Kasaï voisin.

Le gouvernement congolais a donné le bilan de 12 morts déjà enregistrés à la suite de cette pollution. Sur les cinq territoires de la province du Kasaï, quatre ont été fortement touchés, plus de 4500 cas de diarrhée recensés, 13 zones de santé avec plus de 60 aires de santé. Le VPM Eve Bazaiba a indiqué que le gouvernement est actuellement à l’étape d’évaluation et appliquera le principe de pollueur-payeur.