RDC : grogne à l’Assemblée nationale contre l’insécurité dans l’est du pays, plusieurs députés ont quitté l’hémicycle à l’initiative de ceux de l’Ituri 

La députée nationale Geneviève Inagosi

Il s’agit d’un mouvement rare au parlement congolais. Ce mercredi, plusieurs députés nationaux ont claqué la porte de l’Assemblée nationale au cours de la plénière, pour dénoncer l'inaction des autorités face à l’insécurité dans l’est du pays. Ce mouvement est intervenu après la décision des députés élus de l’Ituri de suspendre leur participation à tous les travaux parlementaires jusqu’au retour de la paix dans leur province en particulier, et dans tout l’est en général.

Ainsi, des députés du Katanga, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu ou encore du Bas-Uélé ont, dans la foulée, quitté l’hémicycle par solidarité aux populations meurtries de l’est du pays.

« Nous avons souvent l'impression que les tueries, les carnages qui se passent dans l'Est de la RDC ne font pas partie des priorités des institutions de Kinshasa. Ici, on vit comme si de rien n'était, c'est devenu une habitude qu'on tue 10 personnes, 5, 30 personnes et je pense que le fait que les députés nationaux, toutes tendances confondues, je vais insister, il y a ici les députés de l'Union sacrée, moi je suis de l'opposition mais des provinces de l'Est de manière particulière (ancienne Orientale, du Katanga, Kivu) se disent exprimer aux autorités du pays qu'elles doivent faire attention aux problèmes qui se passent dans l'Est. Lorsqu'on tue à Beni, Bunia, on tue les congolais et ces congolais ont les mêmes droits que ceux qui vivent à Kinshasa et ailleurs », a dénoncé Geneviève Inagosi, élue du territoire de Wamba dans la province de Bas-Uele.

Lire ici : Assemblée nationale : les députés de l'Ituri suspendent leur participation aux travaux parlementaires suite à la détérioration du climat sécuritaire dans leur province

Elle a aussi quitté l’hémicycle : « Je pense qu'à travers cet acte, ils vont comprendre que nous en avons marre, nous avons besoin que ces autorités fassent attention à ce qui se passe au pays et répondent aux besoins de la population. La population ne demande pas grand chose, la population ne demande que la sécurité ».

À la question de savoir pourquoi pas attendre l'investiture du nouveau gouvernement et ensuite présenter ces préoccupations, elle a répondu :

« C'est comme si vous me demandiez d'attendre qu'on arrête d'abord de tuer parce que nous, on doit investir le gouvernement, en ce moment on est en train de tuer. Entre investir le gouvernement et les tueries des personnes humaines, qu'est-ce qui est prioritaire ? », a-t-elle demandé.

La situation sécuritaire s’est détériorée dans les provinces de l’est du pays. L’épicentre de l’insécurité reste le territoire de Beni où depuis plus de six ans, les civils sont tués dans une série de massacres perpétrés par les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF). Selon un rapport de la CENCO, depuis 2013, 6000 personnes ont été tuées dans la région de Beni, tandis qu’en Ituri, 2000 personnes ont été tuées pour la seule année 2020. 

Berith Yakitenge