Près de deux ans après le verdict, une nouvelle audience dans l’affaire de la jeune fille victime d’un viol collectif de la part de ses camarades, tous élèves de l’Ecole Révérend-Kim s’est tenue ce 09 avril au tribunal de paix/Ngaliema. Dû à l'absence de certains enfants cités dans l’affaire, l’audience a de nouveau été reportée au 23 avril. Chose qui a poussé le tribunal à promettre d’appliquer l’article 131 de la Loi portant protection de l’enfant.
En effet, cette disposition de la loi précise que le père, la mère, le tuteur ou toute autre personne qui, soustrait ou tente de soustraire un enfant à la procédure intentée contre lui en vertu, le soustrait ou tente de le soustraire à la garde des personnes ou institution à qui l'autorité judiciaire l'a confié, ne le présente pas à ceux qui ont le droit de le réclamer « sont punis d'une servitude pénale principale de un à cinq ans et d'une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais ».
Au cours de l’audience, l’un des avocats des enfants accusés a soulevé une exception. Finalement, le juge a décidé de surseoir l’audience et d'examiner l’exception soulevée à cette audience. De cette façon, la prochaine audience aura lieu le 23 avril. Fidèle Kanyinda insiste sur le fait qu’à ce niveau, la présence des enfants n’est plus obligatoire, étant donné que la plupart sont à l’école. Cependant, elle déplore le fait que « ni les parents, ni les avocats de certains enfants ne veuillent se présenter. Entre temps, la fillette victime n’est plus allée à l’école depuis deux ans.»
Et de renchérir, « c’est la douzième fois que nous comparaissons devant le juge en appel. Aujourd’hui, c’était pour que toutes les parties soient saisies. Lorsque nous signifions, nous payons ce qu’il faut pour que toutes les parties soient notifiées et viennent à l’audience. Deux d’entre elles ne se sont pas présentées aujourd’hui alors que l’invitation leur avait été envoyée. Le tribunal a décidé d’appliquer les dispositions de l’article 131 de la Loi », a dit Fidèle Kanyinda, avocate de la victime.
Des dépenses à engager à chaque audience
Mme Ekanga, la mère de la victime se plaint de ce que les avocats des autres parties créent des manœuvres dilatoires. « Quand on se présente à une nouvelle audience, il se pose toujours le même problème, soit les parties ne répondent pas toutes présentes, soit une exception est soulevée. Tout cela nous demande de disposer encore plus des moyens financiers, je suis à bout de mes forces.» Et d’ajouter, « depuis que l’affaire a été envoyée au tribunal de paix de Ngaliema, j’en suis à la douzième audience. Jusqu’à présent la justice tarde à être rendue pour ma fille ».
Le Desk Femme d'Actualité.cd a également contacté l’un des tuteurs des deux enfants cités dans cette affaire. Pour lui, aucune notification ne leur est parvenue pour l’audience de ce 09 avril. « Depuis le dernier jugement, nous avons été notifiés pour au moins 4 audiences en appel et nous y étions allés. Nous tenons rigueur à nos enfants. Ils sont parmi ceux qui se présentent toujours aux audiences. Parfois, ils ne vont pas aux cours pour répondre à l’invitation. Mais pour l’audience de ce jour, nous n’avons reçu aucune notification », a-t-il dit.
Pour rappel, l’événement a s’est déroulé le 17 mai, jour férié, dans un appartement de la commune de la Gombe. La victime aurait été droguée et les scènes de l'acte ont été filmées. Le tribunal pour enfants siégeant à la Maison communale de Kinshasa a rendu son verdict le 17 juin condamnant deux des mineurs violeurs. L’un a été condamné pénalement et civilement, ses parents vont payer une somme de 10.000 dollars américains comme dommages et intérêts. L’autre considéré comme cerveau moteur de l'affaire ne fera pas la prison mais ses parents doivent également payer 10.000 dollars. Les cinq autres ne sont pas concernés notamment ceux qui ont doigté la fille et ceux qui ont introduit leurs verges dans sa bouche, avaient déploré les avocats de la victime avant d’aller en appel.
Prévu initialement pour le 24 juin, le procès en appel a été reporté pour le jeudi 27 à la prison centrale de Makala à 9 heures suite à l’absence des 4 enfants impliqués dans le dossier. Jeudi 27 après un incident survenu au cours de l’audience, le procès a été de nouveau reporté au 04 juillet. Lors de la dernière audience le 11 juillet à la prison de Makala, le tribunal avait ordonné la surséance pour cause de suspicion légitime. La partie civile avait demandé la mise en place d’une autre juridiction pour la suite du dossier.
Au cours de l’émission ça nous concerne Etali-biso, réalisé en février 2021 par le Desk Femme, en partenariat avec Journalist For Human Rights (JHR-JDH), la mère de la victime est revenu en détails sur le déroulement de l’affaire. Son témoignage est à réécouter en cliquant sur ce lien,
https://actualite.cd/2021/02/26/violences-sexuelles-impliquant-les-mineurs-kinshasa-que-faire-pour-mettre-fin-limpunite