RDC : ce que l’on sait du camion affrété par PAM intercepté par des jeunes à Butembo

Photo ACTUALITE.CD

La ville de Butembo (Nord-Kivu), dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a passé une journée du mercredi 31 mars très agitée, après que des jeunes ont intercepté mardi soir un véhicule du Programme alimentaire mondial (PAM) qu’ils soupçonnaient de transporter des effets militaires. Ce camion transportait une dizaine d’hommes ainsi qu’une quantité importante de haricots contenus dans des sacs estampillés PAM, lesquels seraient destinés aux déplacés, selon les sources d’ACTUALITE.CD.

Des jeunes ont suspecté le véhicule à son entrée dans la ville de Butembo. Ils le soupçonnaient de transporter des effets militaires, au regard de la précipitation avec laquelle les passagers à bord se sont retirés lorsque le véhicule a connu une crevaison. Des jeunes en colère ont tenté de le fouiller le soir même avant d’être empêchés par des policiers dépêchés sur le lieu. Ces derniers l’ont sécurisé toute la nuit sous l’œil vigilant des jeunes.

Ce mercredi matin, le maire de la ville a décidé que ce camion soit conduit à l’hôtel de ville de Butembo pour une fouille systématique en vue de dissiper toute suspicion. Son passage au centre-ville sous une escorte de la police, entourés des jeunes, a provoqué une paralysie des activités jusqu’en début d’après-midi.

Au terme d’une fouille effectuée dans la cour de la mairie, aucune arme ni munition n’a été retrouvée à bord du véhicule. Deux habits militaires y ont été retrouvés. Ils appartenaient aux épouses de militaires proches d’un général de l’armée qui quittaient Lubero pour Komanda, a confirmé à la presse, le lieutenant-colonel Polo Ngoma, commissaire supérieur intérimaire de la police en ville de Butembo.

Des armes non, deux tenues oui !

Cette découverte a suscité la colère des jeunes manifestants qui ont immédiatement été réprimés par la police à coups de feu.

« On a fouillé tous les sacs, on n’a trouvé aucun indice. Donc il n’y avait ni munitions ni armes. Sauf qu’à bord de ce véhicule il y avait deux femmes de militaires, notamment l’épouse d’un premier sergent-major Beluka Vincent, chauffeur du général major Opia (ancien de Lubero, actuellement muté à Bunia). Cette femme quittait Lubero pour Komanda. Il y avait aussi l’épouse du sergent Selege Ekabengu, garde du corps du général Opia. Quand on fouillait le sac, on a remarqué dans un sac un tricot militaire, une chemise militaire, et puis le pyjama. Ce qui a fait déborder le vase. La foule était très dense, et voulait à tout prix brûler le véhicule et la marchandise qui s’y trouvait. La police ne pouvait pas laisser faire. Elle était obligée de disperser la foule parce qu’il fallait protéger le véhicule, les biens, voire le bâtiment de la mairie. Parce que la foule était dense et déterminée à commettre le forfait », a expliqué le lieutenant Polo Ngoma.

Pendant des heurts entre éléments de l’ordre et les jeunes manifestants, la police signale un blessé dans le rang de ses éléments ainsi qu’un manifestant blessé. Après leur audition par les services de sécurité, la dizaine d’hommes qui se trouvaient à bord du véhicule ont été relaxés. Mais, le véhicule lui se trouve encore dans la cour de la mairie de Butembo.

La police appelle les jeunes à ne pas céder à tout genre de suspicion pour éviter de tremper dans l’erreur.

« Nous disons à la population que nous tous nous avons le souci de sécuriser notre ville. Personne n’a intention de troubler la ville. Nous devons collaborer pour la sécurité et l’émergence de la ville. Mais la collaboration doit être ordonnée et non vouloir brûler le véhicule d’autrui, de l’organisme PAM, en présence de la PNC (police). Nous voulons tous congolais, la collaboration de tous les groupes de pression, et non prêter des intentions. S’il y a un problème, approchez les autorités, et suivez leur conseil », exhorte le lieutenant-colonel Polo Ngoma.

Il y a quelques années, Butembo avait connu ces genres d’incidents. Des jeunes interceptaient des véhicules qui transportaient des personnes d’«origine inconnue» qui disaient venir de la région de Masisi pour rejoindre les zones instables de Beni (Nord-Kivu) et Irumu (Ituri).

Claude Sengenya