Les conflits armés à l’Est de la RDC, intensifient le taux des violences sexuelles. Le cas le plus récent est celui d’une jeune femme, victime d’agressions sexuelles de la part de huit (8) présumés militaires dans la nuit de mercredi 17 au jeudi 18 mars dans le territoire de Lengabo. Dieudonné Lossa, président de la Société civile iturienne a appelé les autorités militaires à agir.
« La semaine passée, nous avons soignée une dame qui a été agressée la nuit par des hommes armés, portant des tenues militaire. La femme nous a expliqué qu’elle était sortie de sa maison et se dirigeait vers les toilettes pendant la nuit. Elle a rencontré des hommes armés qui l’ont attaqué et agressé sexuellement, ils ont également pénétré dans son domicile pour ravir quelques biens de valeurs », a expliqué à ACTUALITE.CD, Noëlla Alifwa, coordonnatrice du centre Karibuni Wa Mama de Sofepadi. Et d’ajouter, « elle est arrivée au lendemain de l’évènement, nous lui avons offert tous les soins nécessaires mais elle avait également des égratignures. »
Réactions de l’armée et de la Société civile
Contacté le 25 mars, Jules Ngongo, porte-parole de l’Armée congolaise à Bunia dit ne pas être informé de cet évènement. « Nous n’avons pas connaissance de cet acte, car les instructions sont formelles. Aucun comportement de ce genre ne sera tolérable dans le rang des Forces armées », a-t-il brièvement répondu.
Dieudonné Lossa, président de la société civile de l'Ituri apporte plus de précisions tout en faisant des recommandations à l’Etat Congolais. « Nous sommes informés d’un cas de violence sexuelle opéré par des présumés militaires dans le territoire de Lengabo, à deux kilomètres de Bunia. C’est une situation que nous déplorons. Nous savons que l’Etat, à travers l’armée a pour mission de protéger la population et ses biens. Si cela est arrivé par malheur, nous demandons à la hiérarchie militaire présente à Bunia de rechercher les auteurs de ces actes et les traduire en justice parce que ce comportement ne peut être toléré. Que la justice militaire puisse se saisir du dossier et que les coupables soient sanctionnés .
Depuis le début de l'année, des affrontements ont eu lieu entre les miliciens de forces patriotiques pour l'intégration du Congo (FPIC) dans la localité de Lengabo. Un décompte fait par le député national Gratien Iracan, élu de Bunia le 19 Janvier, faisait état de près de 20 personnes tuées dans la région.
Le président de la société civile craint de voir le territoire de Lengabo se vider de sa population si les actes de viols impliquent également les hommes en uniformes. « Nous invitons l’Etat congolais a bien sécuriser la population. Il y a eu récemment des affrontements entre les miliciens et l’armée dans cette zone. Si la population se rend compte que les militaires se rendent coupables des violences sexuelles sur les femmes, elle va fuir cette zone, ne plus vivre dans cette partie de la ville. Que l’Etat congolais mette en place un mécanisme de suivi des actions militaires sur terrain, et dans le cas où il y a dérapages, que le coupable soit traduit en justice. Il faudra également installer une audience en chambre foraine à Lengabo pour servir de leçon aux présumés officiers militaires qui ont commis ces actes,» a-t-il ajouté.
Près de 150 cas de violences sexuelles enregistrés au premier trimestre
Noella Alifwa a également fait savoir que pour le premier trimestre de 2021, près de 150 cas ont déjà été enregistré. « Les femmes sont très exposées dans cette zone des conflits. Elles quittent la ville parfois pour aller aux champs, pour chercher des bois de chauffage ou pour chercher à nourrir leurs familles. C’est généralement à ce moment-là qu’elles sont attaquées. De janvier à ce jour, nous avons déjà enregistré au-delà de 130 cas. Nous invitons les auteurs de ces viols à considérer que ces femmes peuvent être leurs mères, leurs sœurs, que ces actes sont posés sur leurs membres des familles. La loi doit être bien dite pour que ces actes ne se répètent plus », a-t-elle fait savoir.
Pour rappel, lors de sa dernière conférence de presse du 20 janvier, Leila Zerrougui, désormais ex-cheffe de la Monusco et ex- Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, avait appelé la justice à sanctionner chaque militaire reconnu coupable des violences sexuelles dans la partie Est du pays.
Prisca Lokale et Franck Asante