Augmentation des cas de rougeole au Nord et Sud Ubangi, les consultations clôturées par le premier ministre Sama Lukonde, préparations des célébrations du 08 mars, arrivée des premiers lots de vaccin contre le Covid-19, la semaine a été chargée. Le Desk Femme d'Actualité.cd vous propose d'en débattre avec Laurence Kabasele, présidente du réseau Africain d'encadrement des adolescents et jeunes (Afriyan).
Bonjour Madame Laurence Kabasele et merci de nous accorder cette interview. La semaine qui s’achève a marqué le début du mois de Mars, mois dédié aux femmes. En RDC, la JIF va être célébré sous le thème : « Leadership féminin d’excellence, pour une société égalitaire et numérique à l’ère de la Covid-19 ». Que vous inspire ce thème ?
Laurence Kabasele : je considère le thème de cette année comme une interpellation générale pour axer nos messages de sensibilisation sur la participation de la femme et la jeune fille dans les questions importantes telles que l’administration, la politique, la science, l’éducation et la technologie. Il faudra qu'elles apprennent que les facultés des sciences, du numérique, d'ingénieurie ne sont pas des domaines créés essentiellement pour les hommes. Nous devons les encourager à briser les stéréotypes qui couvent ces domaines. Il sera donc important d’avoir un programme de mentorship pour que les jeunes trouvent des repères. Ce thème nous appelle à accentuer nos messages par rapport à l’épanouissement et l’autonomisation de la femme et la jeune fille.
Comment les femmes et jeunes filles de divers secteurs de la RDC, devraient-elles contribuer à bâtir une société plus égalitaire et numérique selon vous ?
Laurence Kabasele : je pense qu'elles pourront y parvenir si et seulement si chacune d’elles arrive à jouer des rôles importants dans son milieu respectif. Dans une expression anglaise, on dit « to leave the room for young girls… », ce qui signifie, laisser place à la jeune fille, lui faire de l’espace, pour qu’elle exprime ses talents, ses ambitions, ses rêves. C’est ainsi qu’elle fera preuve de succès et de réussite dans son domaine. Par contre, si elle est étouffée, elle ne saura déployer ses ailes. Dans l’atteinte des Objectifs de développement durable, la femme et la jeune fille sont d'un apport exceptionnel.
En politique, cette semaine a marqué la fin des consultations lancées par le nouveau premier ministre Sama Lukonde pour composer son gouvernement. En tant que responsable d’une organisation qui promeut les droits des jeunes, quelles sont vos attentes par rapport au prochain ministère de la jeunesse et la composition de cette équipe ?
Laurence Kabasele : étant donné que la RDC est composée d’une population évaluée à 62% des jeunes, j’estime qu’il sera important de favoriser la mise en œuvre des programmes et des politiques visant à promouvoir les actions des jeunes et préparer la relève. Il faudra faire du ministère de la jeunesse un ministère clé, un ministère d’Etat par exemple, car les questions des jeunes sont présentes dans tous les ministères. J’aimerai bien qu’un jeune venant de la société civile (organisation des jeunes) soit nommé à ce poste. Qu'il ait de l’expérience et une maitrise des attentes et besoins des jeunes.
Au sénat, un nouveau bureau a été voté et installé. Avec une Assemblée Nationale et un sénat dirigés par l’Union sacrée, et en perspective, un gouvernement issu de l’Union sacrée, peut-on dire que la vision du Chef de l’Etat va se concrétiser d’ici en 2023 ?
Laurence Kabasele : oui, nous l'espérons. Nous voulons que les problèmes de la population soient placés au centre des actions du Chef de l’Etat. Et comme il le dit assez souvent, il va faire jouer un rôle intense aux jeunes et aux femmes dans le développement du pays, nous souhaitons que cela ne soit pas un simple slogan. Aussi, pour parvenir à une RDC, émergente et prospère, tel que nous le voulons, toutes les couches doivent s’impliquer, le gouvernement, les jeunes, les femmes, les partenaires ont chacun un rôle à jouer.
En santé, la RDC a reçu son premier lot des vaccins contre la Covid-19. Quelle attitude devraient avoir les congolais face aux vaccins et que faudrait-il améliorer dans la riposte contre cette pandémie en RDC ?
Laurence Kabasele : il faut vraiment faire un grand travail de sensibilisation pour expliquer l’importance de ce vaccin. L’équipe de la riposte devra véhiculer la bonne information pour que les communautés congolaises puissent s’imprégner de la situation. Il faudra également associer les influenceurs et les leaders d’opinions à la sensibilisation pour que les messages soient adaptés à tout type d’individus.
Les cas de rougeole ne cessent d’augmenter dans la province du Nord et Sud-Ubangi. Sachant que la plus grande épidémie de la rougeole qui a causé plus de 7.000 décès d’enfants en RDC s’est terminée en Aout 2020, quelles précautions faudrait-il prendre pour celle-ci ?
Laurence Kabasele : Il faudra lancer une nouvelle campagne de vaccination contre la rougeole. Cela est autant nécessaire que primordial.
En justice, le procès sur la gestion de la Secope (Ministère de l’Enseignement Primaire, Supérieur et Technique) a été ouvert ce Vendredi. Que faut-il attendre dudit procès, selon vous ?
Laurence Kabasele : ce procès vient d’être lancé. Nous aimerions bien voir sa suite. Cependant, nos attentes, et celles de la population congolaise, dans les différents procès ouverts en RDC sont de voir une justice équitable et l'effectivité de l’Etat de droit.
En société, une vidéo virale de Madame Hélène Bomana Bosawa, Chef d’agence adjoint de la Sonas dans le Haut-Katanga a entrainé sa suspension de ce poste. Que pensez-vous des réactions autour de cette vidéo et de la décision prise par le Directeur général de la Sonas ?
Laurence Kabasele : sincèrement, tout le monde n’a pas la facilité de s’exprimer devant la caméra. Mal communiquer n'est pas équivalent au manque de compétence. Je pense que Madame Hélène Bomana a pu occuper ce poste parce qu’elle en avait les compétences. Elle aurait dû peut-être laisser cette tache à l’équipe de communication. Il fallait également que son équipe de communication accède au contenu avant sa diffusion. (…) Concernant la décision du Directeur général, je suppose que c’est une décision qui relève du règlement d’ordre intérieur de cette institution publique. Mais, comment cela est-il arrivé sur les réseaux sociaux ? Une note administrative est un document interne, le renforcement des capacités est une procédure normale, nous apprenons de nouvelles choses tous les jours, je me demande aussi, pourquoi l’équipe de communication n’a pas été sanctionnée pour cette faute ? C’est une atteinte à la dignité humaine, que d’avoir fait fuiter un tel document, une atteinte à la dignité de Madame Hélène Bomana. Je n'ai pas apprécié la façon dont Madame Hélène a été traitée que ce soit sur les réseaux sociaux ou au sein de l’entreprise.
Enfin, vendredi, Madame Julienne Lusenge a été nommé par le département d'Etat américain Prix international du Courage féminin 2021. Que représente ce prix pour la femme et pour la jeunesse congolaises selon vous ?
Laurence Kabasele : je suis très contente de cette annonce, nous félicitons Madame Julienne Lusenge pour ce prix, elle est pour nous un mentor, un repère. Ce prix est pour la femme et la jeunesse congolaise, le fruit d’une longue lutte. Il constitue en même temps une motivation et une détermination pour nous et elle, de poursuivre la défense des droits des femmes et des jeunes en général et des filles en particulier.
Au niveau international, le pape s’est rendu en Irak et a appelé à mettre fin aux violences et extrémismes. Que pensez-vous de cette première visite d’un pape en Irak et que peut-elle entrainer ?
Laurence Kabasele : je pense que les actions papales ont deux niveaux. Le premier concerne sa vocation spirituelle tandis que le second concerne le coté diplomatique. La diplomatie vaticane incarnée par le pape se doit de rappeler aux acteurs politiques de tous pays, la nécessité de la paix dans le monde. Nous savons que le Moyen-Orient a brillé par sa réputation funeste ces dernières années. Il est important que chaque église travaille pour la paix, parce qu'au final, seule la paix permet aux nations de se développer.
Propos recueillis par Prisca Lokale