Kinshasa/Covid-19 : les étudiants s’expriment sur la suspension des activités académiques

Université de Kinshasa/Ph droits tiers

Les étudiants de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et ceux de l’Université pédagogique nationale (UPN) ne sont pas restés sans voix en ce qui concerne la suspension des activités académiques par les autorités depuis décembre dernier en vue de lutter contre la deuxième vague du coronavirus. Contactés ce mardi 12 janvier par ACTUALITE.CD, ils ont exprimé leurs avis partagés.

Pour Olivier Otshudi de l’UNIKIN, il faut reprendre les cours pour ne pas déprécier le système éducatif congolais.

« Les autorités doivent relancer les activités académiques bien qu'il y a la maladie. Nous devons apprendre à vivre avec elle.  La lutte contre la deuxième vague de la maladie à covid1-9 vient déprécier le système éducatif congolais. Cela se remarque. Le président de la République a pris un bon nombre des mesures de commun accord avec le comité de riposte. Toutes ces mesures ne sont pas respectées à part la fermeture des écoles et des universités. Le parlement se réunit sans problème, on ne parle pas de covid-19. Les gens sont pleins dans les transports en commun, il n'y a pas covid-19. Les églises réunissent chaque jour leurs fidèles, il n'y a pas covid-19. Les bars, boîtes de nuit, discothèques et cafétérias sont ouverts, il n'y a pas covid-19. Les réunions politiques se tiennent, il n'y a jamais eu covid-19. Le président lui-même réunit les députés de l'Union sacrée, on ne parle pas de l'existence de la covid-19. Pour ne citer que ceux-là. Seulement lorsqu'il s'agit des écoles et universités, on évoque toutes les théories de la propagation de la covid-19. C'est pour ces raisons que nous disons non à ce comportement qui, à tout prix dévalorise et compromet notre éducation. » a-t-il déclaré.

Grâce Kapila, étudiante à l’UPN pense que les mesures prises par les autorités ne sont pas mauvaises mais s’inquiète de leur durée qui pourrait impacter négativement sur les programmes académiques.

« La deuxième vague du coronavirus est beaucoup plus atroce que la première. Personnellement, je salue toutes les mesures prises par les autorités pour limiter la propagation de ce virus. Les milieux universitaires restant des milieux ouverts et accessibles à tous, on ne peut pas s’exposer au danger en y allant chaque jour et rencontrer toutes sortes de personnes. Les églises, les bars, les marchés... continuent à fonctionner oui, mais personne n’est obligé d’y aller pour contracter le virus, par contre, en ce qui concerne les cours, nous, étudiants sommes obligés d’y être tous les jours, raison pour laquelle on a d’abord suspendu ce qui a un caractère obligatoire en laissant le facultatif. A chacun de se protéger et aux parents de mieux garder leurs enfants. Je m’inquiète juste du temps que tout ceci pourrait prendre pour qu’on retrouve enfin notre vie d’avant », a-t-elle dit.

De son côté, Amidou Tampoh, étudiant à l’UNIKIN s’inquiète et plaide pour la reprise des cours au regard du retard déjà enregistré dans le calendrier académique.

« La raison qui motive les étudiants à manifester notre mécontentement est la suspension des activités académiques jusqu'à nouvel ordre.  Nous ne sommes pas d'avis avec toutes les décisions prises par les autorités du pays concernant la suspension des activités académiques jusqu'à nouvel ordre pour raison de cette deuxième vague de covid-19. Nous voyons les bars, églises, restaurants qui continuent de fonctionner normalement. Nous demandons aux autorités de relancer les activités académiques, nous sommes déjà en retard par rapport au calendrier académique. L’enseignement dans notre pays est tellement négligé. On peut organiser les cours par groupes soit intégrer les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans le programme de notre enseignement pour donner les cours en ligne », se préoccupe-t-elle.

Pour Dan Ilunga de l’UPN, les universités ne sont pas les seuls lieux de contagion.

« Un étudiant pourrait contracter le virus soit au marché, dans le bus ou encore à l'église pas seulement à l'Université. Le plus important c'est de bien se protéger et respecter les gestes barrières et nous en avons la capacité. Nous nous trouvons dans une impasse grave car nous sommes dans une année très élastique. Nous demandons aux autorités de bien revoir toutes leurs décisions ».

Arnav Tshisekedi : « Ce qui est étonnant est que les cours sont suspendus mais les églises et les bars sont autorisés à fonctionner. La question reste à savoir: est-ce que le coronavirus est sélectif ? Nous pouvons étudier tout en respectant les mesures barrières, c'est possible. Une année académique ne doit pas durer 3 ans, c’est inconcevable et ça fait peur. Un grand pays comme la RDC est incapable d'organiser les cours en ligne tout ça par manque d'intégration du numérique. L'assemblée nationale organise une session extraordinaire qui regroupe 500 députés en un jour tandis qu'au niveau de l'université on peut scinder un auditoire même en trois, chaque groupe peut prendre 3 heures d'études par jour, tout comme on peut d'abord privilégier les finalistes. C’est juste question de volonté.

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Nancy Kapinga