Mukwege insiste sur le rapport Mapping: « les victimes d’hier et d'aujourd'hui ont droit à la justice, à la vérité et à la réparation »

`Denis Mukwege

A l’occasion de la Journée de la Justice Internationale, qui commémore l’adoption du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI), Denis Mukwege est revenu sur l’urgence de déterrer le rapport Mapping.

Ce rapport avait été élaboré par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme. Il revient sur les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la République démocratique du Congo (RDC) entre mars 1993 et juin 2003. 

Ce document avait alors dressé un inventaire de 617 crimes de guerre et crimes d'humanité. Si elles sont portées devant une juridiction compétente, certaines des atrocités documentées dans le rapport Mapping pourraient être constitutives du crime de génocide. 
 
Le Prix Nobel de la Paix note qu’à ce jour, aucune des recommandations contenues dans ce rapport n'a été mise en œuvre. 

« Comme la CPI n'est compétente que pour les crimes commis après juillet 2002 et compte tenu de la dimension régionale du conflit en RDC, où diverses armées étrangères et groupes rebelles sont intervenus et doivent aussi rendre des comptes, nous profitons de cette Journée de la Justice Internationale pour exhorter les autorités congolaises et la communauté internationale à créer un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, compétents du début des années 90 jusqu'à aujourd'hui », écrit Denis Mukwege. 

Pour lui, le temps de la justice et de la vérité est arrivé.

« Le temps est venu de déterrer le rapport Mapping et de mettre en œuvre ses recommandations car les victimes d'hier et d'aujourd'hui ont droit à la justice, à la vérité, à la réparation et à des garanties de non-répétition face à ces atrocités de masse qui ne devraient laisser personne indifférent et qui doivent susciter des actions fortes tant des autorités congolaises que de la communauté internationale ».

Et d’ajouter:

« Ainsi, nous rendrons non seulement hommage aux nombreuses victimes et survivant.e.s des crimes les plus graves dans leur quête de justice, mais nous contribuerons également à l'instauration d’une paix durable dans la région des Grands Lacs africains et à l'avènement d'un monde plus digne et plus juste »

Depuis des années, Mukwege insiste, dans son plaidoyer, sur le fait qu’on ne pourra enrayer les cycles de violence et construire la paix en RDC sur des fosses communes et sur un déni de vérité et de justice. 

Ce plaidoyer tourne notamment autour de l’établissement d’un Tribunal pénal international pour la RDC et/ou de chambres spécialisées mixtes, d’une Commission de la vérité, de programmes de réparation et de garanties de non-répétition, telles qu’un assainissement de nos institutions et une profonde réforme du secteur de la sécurité et de la justice.