Depuis le début du mois, des voix se lèvent contre l'élection de Ronsard Malonda à la tête de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Alors que la coalition LAMUKA a tenu une manifestation ce lundi 13 juillet, des femmes ont également donné leurs avis sur cette question.
“La crise actuelle, autour de l'entérinement de Ronsard Malonda cache un problème beaucoup plus profond, celui de l'impossibilité pour la coalition FCC -CACH de s'entendre sur les sujets essentiels de gouvernance de notre pays,” pense Léonie Kandolo, ancienne militante du Comité Laïc de Coordination. Et de poursuivre, “Elle montre aussi que la présidente de l'assemblée nationale viole volontairement la loi de désignation des membres du bureau de la CENI ainsi que son propre règlement d'ordre intérieur pour des raisons partisanes.”
Pour Victoria Babandisha (membre de la diaspora congolaise), c’est la personne de Ronsard Malonda qui dérange.“Tout était magouillé dès le départ. Nous apprenons que monsieur Malonda est un parent de monsieur Minaku, un cadre du Front Commun pour le Congo. C’est une preuve suffisante qu’il sera à ce poste pour servir les intérêts de son parti. Ce qui s’est passé au cours des élections antérieures ne doit plus se répéter. Le peuple devient plus vigilant.”
Quelle décision devrait prendre le Chef de l'État ?
“La CENI, est une institution très importante qui engage la volonté des populations congolaises à travers les choix des candidats. J’en appelle au sens élevé du Chef de l’Etat en tant que garant du bon fonctionnement des institutions de notre pays. Aujourd’hui, le CACH, LAMUKA, le FCC et même des mouvements citoyens sont dans la rue. Le Chef de l’Etat, qui jusque là, fait preuve de beaucoup de sagesse, devra tenir compte de toutes les voix et prendre une décision favorable au peuple congolais sur base des textes des lois” propose Carine Kanku de la Dynamique nationale des femmes candidates de la RDC (Dynafec).
Et pour paraphraser Carine, Léonie Kandolo ajoute “Le Président de la République devrait prendre l'initiative d'engager les forces vives de la nation dans la quête d'un consensus autour du processus électoral. Ce processus s'articulerait autour de la réforme de la loi organique de la CENI, ainsi que la révision de la loi électorale.” Car, poursuit-elle, il est impossible d'avoir une véritable démocratie sans des élections apaisées et transparentes. Les élections précédentes ont été sujettes à contestation parce que dès le départ la désignation du président et du bureau de la CENI ont été contestée.”
“Le Chef de l’Etat ne doit pas entériner cette élection. Il faut une élection claire" dit Victoria Babandisha
Quel profil pour le prochain président de la CENI ?
Pour Léonie Kandolo, “La crédibilité du président de la CENI, ses valeurs morales, sa capacité de résister aux pressions extérieures et sa non participation active aux processus précédents sont très importantes.”
“Nous voulons des institutions fortes. Il faut également tenir compte de la place du genre dans ces questions. Il n'y a pas que Ronsard, il y a également des femmes qui peuvent occuper des postes de direction” soutient Carine Kanku
Le 09 juillet, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social avait tenu une marche à Kinshasa et dans les provinces à cause notamment de cette élection de Ronsard Malonda. Aujourd’hui, la Coalition LAMUKA a également tenu une marche. Au cours des deux manifestations, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les militants.
Prisca Lokale