Inactivité et chaleur sont les principaux maux qui ont causé d’importantes pertes du côté des commerçants du marché Zando suite aux mesures de confinement. Quelques jours après la reprise des activités, les commerçants lancent un cri de détresse en direction des autorités en vue de réduire voir de supprimer certains taxes. Reportage
Environ quatre mois se sont écoulés avant la reprise du trafic au sein du marché central de Kinshasa. Plusieurs commerçants ont confié avoir perdu quelques produits à cause notamment de la chaleur et de la poussière dû au confinement. Julie, vendeuse des sucreries et autres produits au croisement des avenues Bokassa et Rwakadingi, explique. « Je suis à cet endroit depuis plusieurs années. Grâce à mon commerce, j’ai ouvert un magasin où je vends des lotions, des paquets des bonbons et des chewing-gums. Quand on nous a annoncé le déconfinement de Gombe, j’ai repris mon commerce. Malheureusement, la plupart de mes produits ont été abîmés à cause la chaleur. J’ai perdu quelques cartons de bonbons et des chewing-gums, c’est plus de 150 dollars.» Et de poursuivre,« je tente de m’en sortir avec quelques lotions mais, je dois aussi les déclasser à cause de leurs dates d’expiration.”
Marthe, sa voisine a perdu un paquet de café carioca d’une valeur de 25 dollars (à peu près 50.000 Francs congolais). Elle a pris la décision de ne plus vendre ces produits. « Si cette pandémie n’avait pas atteint la RDC, on n’aurait pas enregistré des pertes. Nous n’investissons pas pour perdre. Cet argent m’aurait servi à autres chose. Je ne vendrais plus des produits périssables.»
Henri Dunant et Fally Manuakila gèrent des maisons des produits cosmétiques sur l’avenue du Commerce. Le premier explique comment s’opère le bénéfice sur différents produits. « Il y a des articles dont le bénéfice est d’une pièce ou deux dans un carton de 20 pièces. Lorsqu’il nous arrive de perdre douze pièces pour un seul carton, c’est aussi notre capital qui disparaît. A la réouverture, nous avons évacué plus de 10 cartons de lotions, de shampoings et des défrisants,» confie-il. A Fally Manuakila, de renchérir, « la première grande perte que nous avons enregistrée, c’est le loyer. Nous devrions nous acquitter de notre charge à l’égard de nos bailleurs pendant les quatre mois de confinement.»
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Une hausse vertigineuse du taux du dollar
Certains commerçants ont choisi de baisser les prix des produits dont la date d’expiration n’est pas très proche. Difficile de revoir les prix sans tenir compte du taux actuel de dollar, avoue Julie. «Avec toute cette quantité des produits jetés, on ne peut pas rabattre excessivement les prix des marchandises. Le taux du dollar a assez augmenté. Avant le confinement, c’était à 16.500 Fc. Actuellement, 10 dollars équivalent à 20.000 Fc.»
«Nous avons réduit les prix des produits dont la date d’expiration est prévue pour septembre, octobre et novembre. C’est le cas du Chocolat Bio, vendu autrefois à 6500 francs congolais, nous avons rabaissé à 4500 Fc. Des boites de Lait NAN étaient vendus à 11.000 Fc, nous avons revu les prix à 8500 Fc. L’objectif est de tout évacuer et pouvoir acheter des nouveaux produits. » dit Gaylord Kabwaya, gérant d’une autre maison des produits alimentaires.
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Plaidoyer pour la réduction des taxes de l’Etat
A ce jour, “aucun inspecteur n’est passé pour un éventuel bilan avec les commerçants après cette crise”, reconnaissent les vendeurs du Marché Central de Kinshasa. Cependant, ils plaident pour la réduction ou même la suppression des certaines taxes.
« Nous avons vu le gouvernement prendre en charge les factures d’eau et d’électricité pour alléger les charges des ménages, c’était une bonne décision. S’il pense aussi à nous alléger des taxes de la DGI ou la DGRK pour ce mois, ce serait une bonne chose. Nous avons enregistré des grandes pertes pendant cette période de crise. Qu’ils pensent à nous » suggère Henri Dunant. Dans le même ordre d’idées, Marthe ajoute « Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore reçu les taxes. Je souhaite que les autorités ne tiennent pas compte des mois antérieurs passés en plein confinement. Que les nouvelles taxes concernent les mois à venir.»
« Nous sommes dans un pays où un grand nombre des jeunes est au chômage. » dit Gaylord Kabwaya, et de poursuivre « grâce à ces magasins, nous avons su trouver de l’emploi. L’Etat congolais devrait également revoir les taxes et les impôts pour permettre aux nombreux responsables des maisons de se rattraper et payer ces agents.»
Fermé depuis début mars, le marché central de Kinshasa a été rouvert le 28 juin dernier lors du déconfinement de la Commune de Gombe.
Prisca Lokale