La police a transféré au parquet les dossiers d’une dizaine de jeunes gens interpellés le mercredi 17 juillet dernier alors qu’ils défilaient avec la tête d’une fille décapitée par des hommes armés à Mwanga, localité située 10 km à l’est de la ville de Bunia.
« Les dossiers étaient constitués, les suspects ont été déférés devant l’officier du ministère public pour la poursuite des enquêtes. Au niveau de la police on avait assuré seulement la phase pré-juridictionnelle et c’était déjà terminé », a dit à ACTUALITE.CD le major Abeli Mwangu, porte-parole de la police en Ituri.
Le gouverneur de l’Ituri, Jean Bamanisa n’avait pas tardé à annoncer des poursuites à l’encontre des auteurs de cette scène d’horreur.
Dimanche, une dizaine de personnes ont été interpellées lors d’un bouclage ciblé mené conjointement par la police et l’armée. Ces dernières les accusent d’assassinats, pillage dans cette localité, en complicité avec les auteurs des tueries dans le territoire de Djugu.
« La police nationale congolaise en collaboration avec les forces armées ont mené un bouclage ciblé dans la localité de Mwanga suite à plusieurs informations qui confirmaient la présence des personnes impliquées dans les assassinats, meurtre, pillages, incendie des maisons en complicité avec les assaillants qui opèrent dans le territoire de Djugu. Plusieurs effets militaires, les armes blanches ont été saisis et les enquêtes sont en cours », a indiqué le major Mwangu.
Les autorités avaient d’ailleurs décidé d’augmenter les effectifs des policiers à Mwanga à l’instar des plusieurs localités des territoires de Djugu et Mahagi.
Contexte
Les violences armées ont resurgi, en avril dernier, dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo, en territoire de Mahagi.
Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé, pour sa part, l’existence d’une secte mystico-religieux dénommée CODECO, qui encourage les violences ayant déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé dimanche avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées, depuis le 27 juin, pour la conquête du bastion des miliciens, situé dans la forêt de Wago, dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ».
Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils avaient été tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes, arrivés à Bunia, étaient installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences, depuis début juin, dans les territoires de Djugu et Mahagi.
Patrick Maki