L’ONG Justice Plus, basée à Bunia, a exprimé sa satisfaction après que la Cour pénale internationale (CPI) a reconnu l’ancien général de l’armée congolaise, Bosco Ntaganda, coupable de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis entre 2002 et 2003 en Ituri. Cette organisation non gouvernementale qui suit les dossiers de plusieurs autres anciens chefs de guerre de la région à la CPI, demande que la Cour condamne à perpétuité M. Ntaganda, ancien chef d’état-major du FPLC (Forces patriotiques pour la libération du Congo), la branche armée de l’UPC (Union des patriotes congolais), de Thomas Lubanga, à l’époque. Xavier Maki, secrétaire exécutif de Justice Plus a accordé une interview à ACTUALITE.CD.
Comment Justice Plus réagit-elle à la décision de la CPI de reconnaître Bosco Ntaganda de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Ituri ?
Cette décision de la Cour nous donne un sentiment de satisfaction d’autant plus que c’est un procès attendu depuis très longtemps. La CPI a eu du mal à mettre la main sur Ntaganda parce qu’il y a eu des interférences au niveau de la RDC. Il y avait des arguments selon lesquels pour question de paix, il ne fallait pas qu’on le livre et cela a laissé les victimes dans la désolation. Mais aujourd’hui, quel que soit le temps que cela a pris nous sommes vraiment satisfaits et nous sommes contents de la décision de la Cour de le reconnaître coupable. Déjà c’est un signal fort pour nous, et cela pourra persuader certains criminels qui sont encore actifs en Ituri et qui cherchent à nous endeuiller davantage. Notre souci est de voir la CPI prononcer une peine qui va rencontrer la hauteur des crimes qui ont été commis par Bosco Ntaganda.
Quelle pourrait être la peine à la hauteur des crimes de Ntaganda ?
Quand vous interrogez les statuts de Rome, il y a de peine jusqu’à perpétuité. Pourquoi pas condamner Bosco Ntaganda à une peine à perpétuité. Vous savez une peine de cinq ans, dix ans à purger pourra le remettre encore dans la société et éventuellement ça pourra d’une manière ou d’une autre heurter encore la conscience des victimes qui continuent encore de subir de mauvais traitements qui ont été infligés par Bosco Ntaganda. Je pense qu’une lourde peine suffirait pour apaiser les victimes dans un premier temps par rapport aux peines pénales.
Quelle est la situation actuelle des victimes ?
Les victimes sont là et attendent impatiemment réparation. Je crois que nous venons de franchir un pas après la reconnaissance de Bosco Ntaganda comme coupable. Mais l’aspect réparation est très important, parce qu’il y a des gens à qui Bosco Ntaganda a ravi leurs jeunesses, qui ont été violés, des gens qui ont perdu leurs biens, etc. C’est pourquoi, il faut qu’une réparation conséquente soit orientée vers ces victimes.
Les réparations des victimes de Mathieu Ngudjolo, Germain Katanga piétinent. Comment souhaiteriez-vous que la réparation se fasse pour le cas Ntaganda ?
Je pense qu’au-delà des postulations qui ont été faites par leurs représentants légaux au niveau de la CPI, il faut également avoir l’impression des victimes elles-mêmes et pourquoi pas consulter les organisations de la société civile qui accompagnent ces victimes sur le terrain. Je crois c’est très capital puisque, de fois, il y a des postulations qui ne rencontrent pas effectivement ce que les victimes veulent. Je pense que c’est important que la CPI corrige sa façon de travailler par rapport à la réparation. Aujourd’hui dans certains procès on parle de la réparation mais il n’y a rien de concret, il y a des victimes qui disparaissent au fil du temps, donc ça risque d’être fatal pour elles. Ces dernières risquent de disparaître sans pour autant voir les résultats concrets de leurs dossiers. Donc, d’un côté, il faut accélérer le processus de réparation et, de l’autre, il faut récolter les desiderata des victimes avec l’accompagnement des organisations de la société civile qui travaillent avec elles.
Interview réalisée par Patrick Maki