RDC : "Affaiblir" Kabila et "protéger" Tshisekedi, le lobbying de Mgr Ambongo auprès de la communauté Internationale

Mgr Ambongo / DR

L'archevêque de Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo Besungu, a appelé la communauté internationale à affaiblir l'ancien président Joseph Kabila dont l'influence est persistante, deux mois après son départ. Critique acerbe du clan Kabila, le prélat catholique appelle également à la protection de Félix Tshisekedi dont la victoire reste contestée par l'opposition et la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).

Se confiant en début de semaine au journal catholique Lacroix, l'archevêque a déclaré qu'il "faut aider Félix Tshisekedi en affaiblissant Kabila mais aussi en offrant une protection au nouveau président".

Militant pour un rapprochement entre Félix Tshisekedi et les opposants Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Martin Fayulu, il a reconnu que "le jeu est risqué".

Car, selon Ambongo, également vice-président de l'influente CENCO, si Tshisekedi "penche trop du côté du peuple, Kabila risque de ne pas le laisser faire. C’est le sens de mon appel à la communauté internationale, et, en particulier, aux États-Unis et à la France".

"L’Église a payé le prix fort pour que des élections puissent avoir lieu"

Le 30 décembre 2018, des millions de Congolais ont afflué vers les centres de vote pour élire un nouveau président, de nouveaux députés nationaux et provinciaux.

"Le peuple a voté en faveur d’une rupture avec le régime de Kabila. Hélas, le scrutin a été entaché par la tricherie", regrette-t-il affirmant que l'opposant Martin Fayulu a "recueilli 60 % des suffrages", mais que "c’est Félix Tshisekedi qui a été déclaré officiellement vainqueur, car Kabila a œuvré en ce sens".

L'archevêque de Kinshasa dans un centre de vote le 30 décembre 2018 / Ph. Christine Tshibuyi  / ACTUALITE.CD

 

"L’issue finale de l’élection demeure une grande frustration pour le peuple", insiste-il indiquant que "l’Église a payé le prix fort pour que des élections puissent avoir lieu".

Félix Tshisekedi "a été imposé par Kabila"

Avant d'arriver en France, Ambongo était aux Etats-Unis où il s'était entretenu avec des responsables du Département d'Etat. Cette semaine, il sera reçu au Quai d’Orsay et compte faire mener son plaidoyer.

"Comme nous l’avons toujours dit, ce résultat est un déni de vérité. Et nous sommes convaincus que l’on ne peut fonder l’avenir d’une nation sur le mensonge. C’est d’ailleurs le message que je viens de porter au Département d’État, à Washington, et que je vais répéter au Quai d’Orsay, où je dois être reçu cette semaine", déclare -t-il

L'archevêque de Kinshasa avant son vote

Pour lui, Félix Tshisekedi "a été imposé par Kabila" mais l'Eglise pense  "que, même du mal, il est possible de tirer le bien".  

Tshisekedi "doit donner des gages pour tenter de corriger ce mal initial, les premiers signaux sont bons", selon l'archevêque, regrettant que "l’ancien président tire toujours les ficelles".

Christine Tshibuyi