Un rapport publié mardi par le bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'homme a évoqué de possibles "crimes contre l'humanité" à la suite des violences interethniques qui ont eu lieu dans le territoire de Yumbi - [dans l'Ouest du pays ] - du 16 et 17 Décembre 2018.
L’enquête ouverte en janvier dernier par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNDUH) a permis d‘établir qu’entre le 16 et le 18 décembre 2018, après plusieurs semaines de tensions liées à un conflit foncier opposant les communautés tende et nunu autour du lieu d’enterrement d’un chef coutumier Banunu, que "des attaques contre des populations Banunu dans les localités de Yumbi, Bongende et Nkolo II ont fait au moins 535 morts et 111 blessés", souligne le rapport de 24 pages évoquant chaque étape des violences.
"L’enquête a permis de conclure que les violences documentées à Yumbi pourraient présenter des éléments constitutifs de crime contre l’humanité par meurtre, persécution, transfert forcé de populations ou violences sexuelles", poursuit le rapport.
Au terme d'une descente sur terrain de ses enquêteurs en février dernier, l'ONU avait affirmé que plus de 890 personnes dont des civils et membres de forces de sécurité congolaises avaient été tuées dans ces violences. Plus de 16 000 civils s'étaient réfugiés au Congo voisin ( Brazzaville) , alors que plus de 19 000 autres s'étaient rués vers d'autres localités.
Après deux mois sans éclairage sur les faits, les enquêteurs de l'ONU affirment dans ce rapport que les attaques étaient dirigées par "des villageois Batende équipés d’armes à feu, notamment de fusils de chasse, de machettes, d’arcs, de flèches et d’essence, et ciblaient les villageois Banunu”.
Le rapport se fonde sur des entretiens individuels confidentiels et collectifs, notamment avec des victimes et témoins, des membres de la société civile et d’organisations confessionnelles, du personnel soignant, des autorités administratives et coutumières, des forces de défense et services de sécurité congolais ainsi que des responsables de la justice militaire, en plus de la consultation de rapports, photos et vidéos.
Le nombre réel de victimes est plus élevé, estime l’ONU dans son rapport “car de nombreux corps ont vraisemblablement été jetés dans le fleuve Congo” ou enfui dans des fosses communes non encore découvertes", en dehors d'une cinquantaine découverte dernièrement.
Christine Tshibuyi