Floribert Anzuluni : « Seul le retour à l’ordre constitutionnel en décembre 2017 mettra fin à la crise »

En mission de lobbying international en faveur de la RDC,  Floribert Anzuluni, le coordonnateur de Filimbi, attribue la responsabilité de la crise actuelle à la famille politique de Joseph Kabila.

Dans une interview accordée ce 16 mars à ACTUALITE.CD, Anzuluni estime que seul le retour à l’ordre constitutionnel à la fin de cette année peut mettre fin à l’impasse actuelle dans le pays.

<strong>Pourquoi le Conseil de sécurité hésite à imposer des nouvelles sanctions au régime de Kinshasa?</strong>

<em>Des différents échanges que nous avons eus, nous retenons que tous les membres du Conseil de Sécurité semblent, à l’unanimité, particulièrement préoccupés par la grave crise que traverse notre pays  et la situation de chaos qui y règne dont le régime de Mr. Kabila semble être le principal instigateur. Ils sont également tous d’avis que cette situation est principalement due au maintien par la force et la violence du régime de Mr. Kabila, un coup d’état constitutionnel qui est à la base de l’illégitimité et de l’illégalité de toutes les institutions de la République. Ils nous ont clairement fait savoir qu’ils pensent, comme la grande majorité des congolais, que le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard en décembre 2017 est le seul moyen de mettre un terme à cette grave crise. Et ceux avec lesquels nous avons échangé ont précisé qu’ils utiliseront tous les moyens que le Conseil met à leur disposition pour que cela se matérialise. Wait and see !</em>

<strong>Selon Lambert Mende,la solution pour sortir le pays de l'impasse ne viendra pas de l'extérieur mais elle doit être interne. Qu'est ce qui explique le fait que vous recherchiez la solution de l'extérieur?</strong>

<em>Une fois de plus Mr. Mende tente plutôt de manipuler l’opinion, pour preuve sauf changement ce dernier devrait se rentre aux Etats-Unis ce weekend pour une mission de plaidoyer accompagné de Mr. Nangaa, le Président de la CENI dont l’institution n’est indépendante que de nom. Messieurs Okitundu et Minaku viennent également d'effectuer des missions à l'extérieur du pays. Nous ne cherchons pas du tout la solution à l’extérieur. Ce travail stratégique de plaidoyer international vient en complément et en appui des différentes actions que les congolais mènent sur terrain au prix beaucoup trop souvent de leur vie. L’Etat congolais ne vit pas en autarcie, pire il fait partie de plusieurs ensembles tel que l’ONU qui d’ailleurs dispose d’une mission de plus 20.000 hommes en RDC depuis plus de 15 ans. Nous portons la voix des citoyens auprès de ces différents interlocuteurs qui ont une influence plus ou moins importante sur notre pays. Mais la priorité reste bien entendu la mobilisation sur terrain.</em>

<strong>L'accord du 31 décembre pas toujours mis en œuvre, croyez-vous au retour à l’ordre constitutionnel à la fin de cette année ?</strong>

<em>Nous sommes particulièrement révoltés par la manière dont les choses se passent mais nous ne sommes pas du tout surpris, tout ce qui se passe aujourd'hui fait partie d'une stratégie bien montée par le régime de Mr. Kabila, c’est pour cela que nous avions décidé de ne prendre part à aucun dialogue afin de continuer à jouer pleinement et en toute indépendance notre rôle de sentinelle. La classe politique, toutes tendances confondues, semble ne pas véritablement se rendre compte du niveau de ras-le-bol de la grande majorité des congolais dont les conditions de vie sont bien en deçà du minimum vital, c’est un volcan qui pourrait se mettre en irruption à tout moment et tout emporter sur son passage. Il est également important de rappeler que ce que nous, nous qualifions de « coup d’état constitutionnel » a été globalement toléré par la population du fait notamment de l’implication de la CENCO et du feu patriarche Tshisekedi, ce qui a permis à la population d’accepter malgré elle un décalage de tout au plus une année pour l’organisation de l’élection présidentielle, soit au plus tard en décembre 2017. Les héritiers politiques du feu papa Tshisekedi ne devraient d’ailleurs pas perdre cela de vu. Je ne vois donc pas sur quelle base le régime illégal et illégitime de Mr. Kabila pourrait se maintenir au pouvoir au-delà de ce délai au cas où l’élection présidentielle ne serait pas organisée.</em>

<strong>Deux ans déjà que Filimbi existe, quel bilan faite-vous de vos deux années d'existence ?</strong>

<em>Je tiens tout d’abord à tirer mon chapeau à toutes les personnes, y compris les héros dans l’ombre qui se reconnaîtront, qui participent, de près ou de loin, chacun à son niveau, au développement du mouvement depuis sa sortie officielle le 15 mars 2015, bravo et merci à tous. Pour le reste, au cours de ces deux premières années nous avons donné le maximum de nous, au prix souvent de beaucoup de sacrifices, nous avons donc fait ce que nous avons pu et beaucoup reste encore à faire. Mais au-delà de tout, nous sommes particulièrement heureux de constater que notre action participe à l’éveil et à l’engagement de plus en plus de citoyens congolais, et ce, malgré les conditions extrêmement difficiles dans lesquels nous avons évolué depuis le lancement officiel, qualifié injustement de mouvement subversif et même terroriste par le régime de Mr. Kabila. J’en profite également pour annoncer que le mouvement va organiser plusieurs actions de commémoration dans les prochaines semaines à travers les différentes provinces dans lesquelles nous sommes implantés.</em>

<strong>Quelles sont vos priorités en cette année électorale?</strong>

<em>Nous venons de finaliser une évaluation participative du mouvement et une communication officielle sera publiée sous peu. Toutefois, je peux d’ors et déjà vous annoncer que nous allons poursuivre notre engagement citoyen non violent en faveur d’une alternance politique qui doit à tout prix avoir lieu cette année. Pour se faire, nous accorderons une attention particulière à la formation et à la sensibilisation des citoyens sur leurs droits et devoirs, le processus électoral ainsi que le contrôle des différentes étapes de ce processus. J’en profite pour inviter la population en général, et les jeunes en particulier, à s’enrôler massivement. Nous devons absolument nous approprier l’ensemble du processus électoral et ainsi rappeler à la classe politique tout entière que nous n’accepterons plus les injustices car "quand l’injustice devient loi, la résistance est un devoir" .</em>

Interview réalisée par Franck Ngonga (<a href="http://twitter.com">franck_ngonga</a&gt;)