Le député national Ayobangira Safari de l’Union des Congolais pour le Progrès, a dressé, ce samedi 25 février, un tableau sécuritaire sombre dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu), caractérisé par la présence de multiples groupes armés locaux et étrangers ainsi que la présence d’un réseau d'hommes armés servant de liaison avec le M23 dans le Rutshuru.
<strong>Comment expliquez-vous l’activisme intense des groupes armés dans plusieurs localités de Masisi ?</strong>
Le problème le plus grave qui affecte justement la sécurité au niveau de Masisi, c’est l’absence des effectifs militaires parce qu’actuellement dans une grande partie de Masisi, il n’y a pas des FARDC. Les militaires se limitent au niveau du centre. A Kitshanga-centre, il y a un bataillon des FARDC, mais si vous montez sur les collines, il n’y a plus de militaires. Le gouvernement a pu envoyer un bataillon à Kibarizo mais c’est là où s’arrête la présence des FARDC. A partir de là jusqu’au fin fond de Walikale, ce ne sont que des groupes armés. Nous voyons certains éléments de la police qui sont là mais ce sont des policiers qui font face aux groupes armés. Ils n’ont pas la force d’imposer la paix.
<strong>Ces éléments de la police ne sont pas suffisamment équipés ?</strong>
Non seulement mais aussi ils sont très peu nombreux. Vous allez trouver dans un centre un Sous-CIAT avec cinq ou six policiers mais qui doivent faire face à un groupe armé qui a plus de cent éléments armés jusqu'aux dents.
<strong>Comment vivent les populations déplacées de Kibirizi, Nyanzale, Kikuku (Rutshuru) à Masisi ?</strong>
Je voudrais d’abord vous rappeler qu’à Bwito, il y a plusieurs acteurs. Il y a les Nyatura, les Mai-Mai Mazembe qui viennent essentiellement du sud de Lubero. Il y a aussi Guidon-NDC, principalement de Walikale, qui viennent tous se rencontrer au niveau de Bwito (Rutshuru). Et ils se battent contre les FDLR et même entre eux et cela affecte justement la population obligée de fuir ces combats pour se réfugier principalement du côté de Bashali, du côté de Mweso. Et si vous arrivez à Mweso, il y a une surpopulation des gens qui vivent dans des conditions qui ne sont pas bonnes. Il y a le camp des déplacés qui continue à se remplir et cela est un déficit en terme de sécurité parce que quand un camp vient se créer dans un centre comme Mweso, il est source d’insécurité pour la population.
<strong>Que dites-vous à propos d’un réseau d’hommes armés basés à Masisi qui servirait de relais avec le M23 dans le Rutshuru ?</strong>
Le relais avec le M23 est là. Nous avions dénoncé cela depuis bien longtemps. C'était à l’époque où il y avait un regain d’insécurité au niveau de Ngungu, dans la partie sud de Masisi. Là on avait déjà des traces qu’il y avait un certain activisme de la part des anciens éléments du M23. Mais ce qui se passe en ce moment, c’est une tendance de certains anciens M23, partis à l’étranger et basés dans les pays voisins, qui ont tendance à revenir mais d'une manière cachée et ça les FARDC ont pu le découvrir, elles ont déjà pris des mesures pour cela et la Monusco, elle-même, a pu le confirmer. Nous ne faisons que dénoncer et essayer toujours de plaider pour qu’il y ait une présence effective des FARDC dans le territoire de Masisi.
<strong>A Masisi, comment évaluez-vous la sécurisation de l’opération d’enrôlement des électeurs ?</strong>
J’ai fait une tournée de neuf jours à Masisi. II y a vraiment une absence totale en terme de sécurité. La police est déployée dans chaque centre mais elle ne peut rien faire quand il y a des combats. Suite à cette insécurité, nous avons connu un cas de vol par les groupes armés d’un kit à Bambi. Nous sommes arrivés à Tambi, ce jour-là le centre n’a pas pu être opérationnel parce qu'il y avait eu des combats la veille entre les différents groupes armés. Tout cela montre le fait que l’insécurité continue dans ce sens de perturber l’enrôlement de la population.
Interview réalisée par Patrick Maki (@PatrickMAMS7)