Nord-Kivu : des étudiants dans la rue à Butembo pour protester contre l’assassinat de leur camarade, tuée par un milicien

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Manifestation des étudiants à Butembo

Des habitants et étudiants de Butembo se sont mobilisés ce vendredi 14 novembre pour une marche en mémoire de Rosette, l’étudiante de l’ISTM tuée lors des heurts impliquant des éléments de divers groupes Wazalendo à MTB-Musimba. Les manifestants réclament notamment le départ de ces groupes de la zone.

Des étudiants de plusieurs institutions supérieures et universitaires de Butembo (Nord-Kivu) ont organisé cette manifestation pour protester contre le meurtre de leur camarade, Kavira Vyaghula Rosette. Le rassemblement a débuté au rond-point Njiapanda avant de se diriger vers la mairie de Butembo. Une forte mobilisation a marqué cet hommage à l’étudiante, tuée mercredi par un individu identifié comme un Mzalendo, alors qu’elle rentrait de l’Institut supérieur des techniques médicales (ISTM/Butembo) à Musimba.

Le cortège est passé par le rond-point Njiapanda, les boulevards Monseigneur Kataliko et Joseph Kabila, avant d’atteindre la mairie où un mémorandum devait être déposé. Des chants hostiles aux miliciens Wazalendo ont été scandés au cours de cette marche organisée en hommage à Rosette.

La Représentation des Étudiants du Congo (REC) a remis un mémorandum au maire de la ville, exigeant « justice » pour la victime de cette insécurité persistante. Devant le maire, Seth Isingoma Bahemukade, président de la REC Butembo-Lubero, a insisté sur le déguerpissement des miliciens Wazalendo cantonnés près des sites universitaires, jugés responsables de plusieurs troubles perturbant la quiétude de la population.

Le comité appelle la justice à identifier les responsables du drame et les tenir pour compte. Il exhorte également à un engagement collectif visant à garantir la sécurité des étudiants et le respect de leur droit à étudier sans risque.

« Cet acte ignoble, posé contre une étudiante sans défense, constitue une violation grave du droit à la vie, porte un coup fatal à la communauté académique et révèle le niveau d'insécurité qui menace désormais les étudiants de Butembo. Par ce mémorandum, nous exigeons ce qui suit : ouverture immédiate d'une enquête judiciaire ; nous demandons une enquête impartiale, transparente et approfondie afin d'identifier l'auteur du tir mortel et de le poursuivre conformément au Code pénal militaire ; arrestation et sanction exemplaire de l'auteur du crime ; nous exigeons que l'auteur réponde de ses actes devant la justice pour que la mémoire de notre camarade soit honorée et que la loi de la République soit respectée ; protection renforcée des étudiants et sécurisation des sites universitaires. Nous recommandons la mise en place de mesures immédiates, notamment une patrouille régulière dans les zones universitaires et l’éloignement des éléments Wazalendo présents dans ces zones », plaide le coordonnateur de la REC Butembo-Lubero, Isingoma Bahemuka Seth.

La veille, la REC Butembo-Lubero avait annoncé la suspension immédiate des cours dans toutes les institutions de la ville et du territoire de Lubero à la suite de cet incident.

Âgée de 18 ans, Kavira Vyahula Rosette était originaire de la localité de Kasugho, située à une centaine de kilomètres de Butembo. Étudiante en première licence dans la faculté de Sage-femme à l’ISTM Butembo, elle avait été tuée par un milicien Muzalendo nommé Nzingene à Musimba, alors qu’elle revenait de l’auditoire. Transportée d’urgence à l’hôpital Saint Raphaël (Maison Rouge) à Musimba, c'est là où elle avait succombé à ses blessures vers 18 heures. Elle sera inhumée ce vendredi 14 novembre 2025 à Kagheri, une entité située à une centaine de kilomètres de Butembo.

Les miliciens Wazalendo, alliés de l’armée congolaise dans la lutte contre l’agression rwandaise à travers la guerre de l’AFC/M23 dans l’Est de la RDC, sont régulièrement accusés de violations des droits humains. Incontrôlés et obéissant à des commandements divers, ils échappent souvent à la vigilance des autorités locales. Il y a environ une semaine, d’autres affrontements entre miliciens Wazalendo avaient déjà été signalés dans la même localité, semant la panique au sein de la population.

Josué Mutanava, à Goma