La Cour d’assises de Paris entame ce mercredi 12 novembre 2025 l'examen de l'affaire Roger Lumbala Tshitenga, chef d'un groupe armé congolais accusé de complicité dans des crimes contre l'humanité, notamment des meurtres, des actes de torture et des viols, commis dans la province du Nord-Kivu en 2002 et 2003. Amnesty International, organisation non gouvernementale internationale de défense des droits humains qualifie ce procès d'historique et considère que ce procès comme une étape cruciale vers la fin de l'impunité.
« Les survivants de ces crimes attendent justice depuis plus de vingt ans. Ce procès historique est l’occasion d’envoyer un message clair : ceux qui sont soupçonnés d’être pénalement responsables d’atrocités de masse en République démocratique du Congo (RDC) se trompent s’ils pensent pouvoir se cacher à l’étranger et échapper à tout contrôle. Tous ceux qui commettent des crimes de droit international et de graves violations des droits humains en RDC doivent être tenus individuellement responsables », a déclaré dans un communiqué mardi 11 novembre, Vongai Chikwanda, directeur régional adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et australe
Ce procès est le premier à appliquer le principe de compétence universelle pour des crimes de droit international commis en RDC par un ressortissant congolais durant la Seconde Guerre du Congo, et constitue un cas rare impliquant un ancien ministre. Pour cette organisation de défense des droits de l'homme, l’incapacité ou le refus de la RDC d’enquêter et de juger les crimes passés ne saurait plus justifier l’inaction de la communauté internationale.
Au contraire, il offre aux pays abritant des chefs de groupes armés soupçonnés de crimes graves l’opportunité d’assumer leur responsabilité au titre du principe de compétence universelle et d’ouvrir des enquêtes à leur encontre. En réalité, pour elle, c'est l'occasion pour les autres pays où vivent des chefs de groupes armés soupçonnés de crimes graves d'assumer leur responsabilité en vertu du principe de compétence universelle et d'ouvrir des enquêtes à leur encontre.
« La RDC ne doit pas se soustraire à son obligation d’enquêter et, si des preuves recevables suffisantes sont trouvées, de poursuivre en justice, dans le cadre de procès équitables, les personnes soupçonnées d’être pénalement responsables des crimes graves commis dans le pays depuis plus de 30 ans, y compris ceux perpétrés lors de la guerre de six jours à Kisangani en 2000. », a fait savoir Vongai Chikwanda, directeur régional adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et australe
Roger Lumbala Tshitenga a dirigé le Rassemblement Congolais pour la démocratie National (RCD-N), groupe armé actif dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) durant la Seconde Guerre du Congo (1998-2003). Il a également été ministre du Commerce (2003-2005) et candidat à la présidence de la RDC en 2006. Il est accusé de complicité de crimes contre l'humanité, notamment de meurtres, de tortures, de viols, de réductions en esclavage et de pillages, commis en 2002 et 2003 lors de l'opération « Effacer le tableau » dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
Cette opération est tristement célèbre pour les crimes de droit international perpétrés contre des civils, en particulier les populations Mbuti et Nande, incluant des homicides, des actes de torture, des viols et autres crimes sexuels, ainsi que des cas de cannibalisme forcé.
Clément MUAMBA